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En pleine guerre commerciale, Trump redouble de pression sur la Fed
En pleine guerre commerciale, Trump redouble de pression sur la Fed / Photo: ROBERTO SCHMIDT - AFP/Archives

En pleine guerre commerciale, Trump redouble de pression sur la Fed

Les tensions entre Donald Trump et le patron de la Fed Jerome Powell se sont encore accentuées cette semaine, le président américain menaçant de se débarrasser du patron de la Banque centrale, un mouvement qui remettrait en cause l'indépendance séculaire de l'institution.

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Avant même que ses droits de douane ne viennent chahuter l'économie américaine, Donald Trump n'a cessé d'appeler à une baisse des taux de la Fed pour doper la croissance.

Mais la détermination de Jerome Powell à choisir son propre rythme a visiblement frustré le président, entraînant la Maison Blanche et la Fed dans un conflit ouvert qui pourrait déstabiliser les marchés financiers, selon plusieurs analystes.

"Si je veux qu'il parte, il va partir très vite croyez-moi", a lancé jeudi Donald Trump à l'intention de Jerome Powell, dont le mandat doit s'achever en mai 2026.

Le président de la Fed ne l'a pas caché: il ne compte pas partir de manière anticipée, ajoutant dans la semaine que l'indépendance de l'institution était "garantie par la loi".

"Le simple fait que le président de la Fed doive s'exprimer sur le sujet montre clairement qu'ils sont sérieux", observe la cheffe économiste du cabinet KPMG Diane Swonk, en référence aux responsables de la Maison Blanche.

Pour la plupart des économistes, la hausse des droits de douane voulue par Donald Trump pourrait, au moins à court terme, ralentir la croissance et tirer les prix à la hausse, éloignant un peu plus l'objectif de 2% d'inflation visé par la Fed et la pousser à maintenir ses taux élevés plus longtemps.

"Je pense qu'on se dirige vers un conflit mais je ne crois pas que la Fed risque de déposer les armes sous la pression politique", juge la cheffe économiste de Wolfe Research, Stephanie Roth.

"Ils ne vont pas réagir parce que Trump a posté un message leur demandant" de baisser les taux, estime l'analyste. Selon elle, ce serait "la recette d'un désastre".

- Indépendance "absolument essentielle" -

La majorité des spécialistes estiment que le président américain n'a pas le pouvoir de licencier comme bon lui semble le patron de la Fed, ni aucun des principaux membres de l'institution.

Créée il y a plus d'un siècle, la Fed a été organisée de manière à la protéger des influences politiques, et le pouvoir de nomination du président est limité à certains postes seulement, et doit passer par une confirmation du Sénat.

"L'indépendance est absolument essentielle pour la Fed. Les pays qui n'ont pas de banque centrale indépendante ont des monnaies bien plus faibles et des taux d'intérêts nettement plus élevés", rappelle Mme Roth.

L'une des menaces potentielles sur la Fed pourrait venir d'une procédure judiciaire intentée devant la Cour suprême. L'administration Trump cherche à revenir sur une jurisprudence de 1935 qui empêche, à ce jour, au président américain de limoger les responsables d'agences gouvernementales indépendantes.

Mais, même si elle obtenait gain de cause, la Maison Blanche serait confrontée à l'ultime juge de paix: le marché obligataire.

Les récentes tensions sur les marchés financiers ont entraîné une hausse de la prime de risque sur les bons du Trésor américain, soulignant que les investisseurs ne voyaient plus nécessairement l'Etat américain comme la valeur refuge qu'il pouvait être jusqu'ici.

Un mouvement inattendu qui a incité Donald Trump à suspendre une importante vague de ses droits de douane, soulageant ainsi les marchés financiers.

Si les investisseurs estimaient que la capacité de la Fed à agir indépendamment contre l'inflation était remise en question, la prime de risque sur la dette américaine repartirait sûrement à la hausse, mettant de nouveau le gouvernement sous pression.

"On ne peut pas contrôler le marché obligataire, c'est la morale de l'histoire. Et c'est pour cela qu'on veut une Fed indépendante", insiste l'experte Diane Swonk.

P.Conti--IM