Il Messaggiere - Des Palestiniens témoignent devant l'ONU des abus sexuels infligés par des Israéliens

Euronext
AEX 1.07% 899.24
BEL20 2.09% 4386.42
PX1 0.59% 7988.96
ISEQ 0.4% 10838.92
OSEBX -0.3% 1471.21 kr
PSI20 0.36% 6763.06
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 3.12% 2746.77
N150 1.07% 3446.19
Des Palestiniens témoignent devant l'ONU des abus sexuels infligés par des Israéliens
Des Palestiniens témoignent devant l'ONU des abus sexuels infligés par des Israéliens / Photo: GIL COHEN-MAGEN - AFP

Des Palestiniens témoignent devant l'ONU des abus sexuels infligés par des Israéliens

Des Palestiniens dénoncent, à visage découvert, les coups et les violences sexuelles qui leur ont été infligés dans les prisons israéliennes ou par des colons devant un panel d'experts des Nations unies à Genève réuni depuis mardi.

Taille du texte:

"J'ai été humilié et torturé", a confié Said Abdel Fattah, un infirmier de 28 ans arrêté en novembre 2023 près de l'hôpital al-Chifa de Gaza où il travaillait.

"J'étais comme un sac de boxe", dit-il en visioconférence et par l'intermédiaire d'un interprète, se remémorant un interrogatoire particulièrement violent. Il a été relâché le même mois.

L'interrogateur "n'arrêtait pas de me frapper sur les parties génitales… Je saignais de partout, du pénis et de l'anus", raconte le jeune homme. "J'avais l'impression que mon âme quittait mon corps".

- "Systématique" -

L'infirmier témoignait mardi devant la Commission d'enquête indépendante des Nations unies (COI) sur la situation dans les territoires palestiniens occupés, créée par le Conseil des droits de l'homme.

Elle organise deux jours d'auditions -dénoncée par Israël- sur les violences de genre et sexuelles perpétrées par les forces de sécurité et des colons israéliens.

"C'est important", a déclaré à l'AFP Chris Sidoti, membre de la COI, insistant sur le fait que les victimes de tels abus ont "le droit d'être entendues".

Les experts et défenseurs des droits humains qui ont déjà témoigné, évoquent un recours "systématique" aux violences sexuelles contre les détenus palestiniens mais aussi lors de contrôles d'identité, depuis que les attaques du Hamas du 7-Octobre en Israël ont déclenché la guerre à Gaza.

Daniel Meron, ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies à Genève, voit une comparaison "répréhensible" entre ces allégations et les "violences sexuelles choquantes… perpétrées par le Hamas envers des otages israéliens et des victimes le 7-Octobre". Devançant les auditions, il a dénoncé devant les journalistes à Genève une "perte de temps", assurant que "si une quelconque faute a été commise, Israël enquêtera et poursuivra".

L'avocate palestinienne Sahar Francis doute de ces affirmations, les violences étant devenues "une politique généralisée".

Pratiquement toutes les personnes arrêtées à Gaza ont été fouillées à nu, affirme-t-elle, les soldats enfonçant parfois une matraque dans l'anus du prisonnier.

Les abus sexuels sont "très répandus", selon l'avocate, qui estime que cela a en particulier été le cas durant les premiers mois de la guerre.

- "Sadisme" -

Mohamed Matar, un habitant de Cisjordanie, témoigne devant la Commission des heures de torture qu'il a subies aux mains d'agents du Shin Bet (sécurité intérieure) et de colons israéliens, sans que la police n'intervienne.

Quelques jours seulement après le 7-Octobre, et alors qu'il était venu prêter main forte à des Bédouins attaqués par des colons, lui et deux autres hommes ont été emmenés dans une étable.

Là, le chef de la troupe s'est mis "sur ma tête et m'a ordonné de manger… les excréments des moutons", raconte-t-il.

Devant des dizaines de colons, l'homme a ensuite uriné sur les trois prisonniers. Soumis à 12 heures de violence, M. Matar a imploré : "Tirez-moi une balle dans la tête !"

Retenant ses larmes, le témoin se souvient du chef sautant sur son dos et essayant de le sodomiser avec un bâton.

Il montre une photo prise par les colons sur laquelle on voit les trois hommes, les yeux bandés, allongés dans la poussière, en sous-vêtements ainsi que d'autres clichés le montrant couvert d'ecchymoses.

Aux journalistes, il confie après son témoignage, avoir passé des mois "en état de choc psychologique".

"Je ne pensais pas qu'il existait sur Terre des gens avec un tel degré de laideur, de sadisme et de cruauté".

V.Barbieri--IM