![L'heure du verdict des urnes pour les syndicats agricoles](https://www.ilmessaggiere.it/media/shared/articles/20/b8/42/L-heure-du-verdict-des-urnes-pour-l-017970.jpg)
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L'heure du verdict des urnes pour les syndicats agricoles
"C'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses", dit le proverbe campagnard repris par des acteurs du scrutin. Le suspense prend fin jeudi pour les syndicats agricoles, avec les premiers résultats d'élections aux chambres d'agriculture à fort enjeu, attendus en fin de journée.
L'exercice, répété tous les six ans, dessine le nouveau rapport de force entre les syndicats ainsi que la répartition des 14 millions d'euros du fonds public alloué au financement de ces organisations professionnelles.
L'enjeu de ce scrutin, après une campagne rude et près d'un an de mobilisation des agriculteurs, sera de voir si l'hégémonie de l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs (JA) est ébranlée et à quel point, par la Coordination rurale (CR) et la Confédération paysanne, respectivement deuxième et troisième syndicats agricoles.
La grande inconnue du scrutin est le taux de participation. En 2019, moins d'un agriculteur sur deux avait voté.
Le mode de scrutin favorise la liste arrivée en tête: c'est ainsi qu'il y a six ans, l'alliance FNSEA-JA s'est retrouvée, avec 55,55% des voix, à la tête de 97 chambres sur 101, tandis que la CR (21,5% des suffrages) ne détient que trois chambres. Avec 20% des voix, la Confédération paysanne ne préside elle que celle de Mayotte - et la conserve pour le moment, les élections y ayant été repoussées sine die après le cyclone Chido.
Quelque 2,2 millions d'électeurs, dont près de 400.000 chefs d'exploitation mais aussi des retraités, salariés ou propriétaires fonciers, étaient appelés à élire leurs représentants - par voie électronique ou postale - du 15 au 31 janvier.
Les préfectures, qui sont chargées de l'organisation électorale, doivent commencer le dépouillement jeudi, un délai destiné à permettre aux bulletins acheminés par voie postale d'arriver.
Le ministère de l'Agriculture "communiquera des résultats électoraux consolidés (...) une fois l'ensemble des résultats départementaux proclamés", soit pas avant le vendredi "7 voire le 8 février", a-t-il indiqué à l'AFP.
- "Radicalisation" -
Sans attendre, la FNSEA organise dès jeudi soir une conférence de presse pour dresser un premier bilan du vote, avec les résultats remontés des préfectures. De son côté, la Confédération paysanne prévoit de s'exprimer vendredi.
Dans la dernière ligne droite de la campagne, les syndicats ont tous dénoncé des "dysfonctionnements" voire des "irrégularités": kits électoraux jamais arrivés, professions de foi manquantes... Tous ont fait des constats d'huissiers qui donneront lieu à des contestations, recevables dans les cinq jours suivant la proclamation des résultats.
En dépit de la sanctuarisation de quelque 400 millions d'allègements fiscaux dans le budget 2025 et de l'examen en cours de la très attendue loi d'orientation agricole, demeure chez nombre d'agriculteurs une rage parfois trimbalée depuis un an, des autoroutes bloquées en Haute-Garonne jusqu'à Paris: contre l'accord de libre-échange du Mercosur et la "paperasse", ils réclament plus de "considération" pour "ceux qui nourrissent" la France.
Les bonnets jaunes de la CR, adeptes des opérations coup de poing, ont appelé à un vote dégagiste contre la FNSEA, accusée d'une "catastrophique cogestion avec l'Etat". Ils espèrent emporter 10 à 15 chambres, notamment en Charente, Dordogne ou dans le Gers, en plus des trois déjà détenus en Nouvelle-Aquitaine.
La FNSEA, sûre de son ancrage historique, a reconnu une campagne dure, marquée selon un cadre du syndicat par un "populisme" et une forme de "radicalisation" imprégnant l'ensemble de la société.
La Confédération, qui porte l'ambition d'une "réelle transition agroécologique" et assure "accompagner un tiers des installations" de nouveaux agriculteurs, espère notamment ravir l'Ariège et la Loire-Atlantique.
Acteurs clés, les chambres d'agriculture sont des établissements publics qui conseillent et offrent des prestations aux exploitants - pour l'installation, la gestion de leur ferme ou la conformité avec la politique agricole commune (PAC) - tout en représentant les intérêts agricoles auprès des pouvoirs publics.
R.Abate--IM