Zelensky en Allemagne pour mobiliser ses alliés avant l'arrivée de Trump
Volodymyr Zelensky rencontre jeudi en Allemagne les alliés de l'Ukraine réunis sous l'égide des Etats-Unis pour discuter de leur aide militaire, onze jours avant le début du mandat de Donald Trump qui s'est dit sceptique sur ce soutien financier.
Cette réunion du "groupe de contact" des partenaires de Kiev à Ramstein, une base aérienne américaine non loin de Francfort, sera la dernière du secrétaire à la Défense Lloyd Austin, ministre de Joe Biden qui sera remplacé le 20 janvier par le milliardaire républicain.
Volodymyr Zelensky, qui avait déjà fait le déplacement à Ramstein pour la précédente rencontre en septembre, a dit prévoir aussi "des entretiens avec des partenaires au niveau des ministres de la Défense et des commandants militaires".
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, et le Secrétaire général de l'Otan Mark Rutte sont également annoncés.
Lloyd Austin ouvrira les discussions vers 11h00 locales (10h00 GMT) devant les envoyés d'une cinquantaine de pays. Ce sera la 25e rencontre de ce groupe mis sur pied pour coordonner la fourniture d'armes à Kiev afin de repousser l'invasion russe.
Le responsable américain devrait annoncer un nouveau programme d'aide militaire substantiel pour Kiev.
La prochaine entrée dans ses fonctions de Donald Trump fait craindre à l'Ukraine une réduction drastique du soutien des Etats-Unis et une pression du président américain élu pour que Kiev fasse des concessions face à Vladimir Poutine.
- Donner l'exemple -
Dans un appel à poursuivre l'engagement auprès des Ukrainiens, Lloyd Austin a prévenu mercredi que "le leadership américain est d'une importance critique".
"Nous n'avons pas seulement demandé aux pays de fournir une aide sécuritaire - nous leur avons montré le chemin dans chaque cas sur la quantité d'aide sécuritaire qu'ils ont fournie, et sur la vitesse avec laquelle cette aide a été livrée", a-t-il déclaré à l'AFP.
Depuis des semaines, les conjectures vont bon train sur les conditions de futures négociations de paix. Car Donald Trump a promis de mettre un terme à la guerre "en 24 heures", sans préciser comment.
Tout en s'inquiétant d'une possible baisse de l'aide, Kiev espère des décisions fortes du nouveau président américain. Volodymyr Zelensky avait même estimé début janvier que "l'imprévisibilité" de Donald Trump peut aider à mettre fin à la guerre.
Sous la présidence de Joe Biden, les Etats-Unis ont été le plus grand soutien de Kiev dans sa défense contre l'invasion russe, fournissant une aide militaire d'une valeur de plus de 65 milliards de dollars (63 milliards d'euros) depuis février 2022.
Ils sont suivis par l'Allemagne, deuxième bailleur de fonds avec 28 milliards d'euros.
Insuffisant toutefois pour donner un avantage décisif à l'Ukraine, qui peine à repousser une armée russe plus nombreuse, notamment dans la partie orientale du pays.
Moscou a revendiqué lundi la prise de la ville minière de Kourakhové, dans l'est de l'Ukraine, après une bataille de près de trois mois.
De son côté, l'armée ukrainienne a annoncé mardi mener "des opérations de combat" dans la région russe frontalière de Koursk, sans en dévoiler l'objectif, tandis que Moscou parle d'une nouvelle offensive ukrainienne dans cette zone stratégique où Kiev avait déjà pris l'initiative en août.
Mais la séquence reste nettement défavorable à Kiev: la Russie s'est emparée d'environ 20% du territoire ukrainien et accélère sa progression dans l'est ces derniers mois.
- "Réalisme" exigé -
Dans ce contexte, l'Ukraine a dû encaisser un nouveau coup dur lundi avec la déclaration d'Emmanuel Macron.
Le président français a appelé les Ukrainiens à "mener des discussions réalistes sur les questions territoriales" pour trouver un règlement au conflit, prévenant qu'il n'y aurait "pas de solution rapide et facile".
Même la Pologne, soutien fidèle de Kiev, a ouvert la porte, par la voix de son ministre polonais des Affaires étrangères, à des concessions territoriales "à l'initiative de l'Ukraine".
Moscou réclame que l'Ukraine cède quatre régions partiellement aux mains des Russes, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à entrer dans l'Otan. Des conditions inacceptables pour Volodymyr Zelensky.
S.Rovigatti--IM