Après Macron, Bayrou dimanche et lundi à Mayotte, avec Borne et Valls
Suite à la visite mouvementée d'Emmanuel Macron, François Bayrou se rend dimanche et lundi à Mayotte, deux semaines après le passage du cyclone Chido, pour jeter les bases de la reconstruction d'une île dévastée.
Le Premier ministre, nommé la veille du passage du cyclone sur le département le plus pauvre de France, dont le bilan provisoire est de 39 morts et plus de 4.000 blessés, passera deux journées à Mayotte. Il sera accompagné de deux ministres d’État, Élisabeth Borne (Éducation nationale) et Manuel Valls (Outremer), ainsi que des ministres du Logement Valérie Létard, de la Santé Yannick Neuder, et du ministre délégué et ancien sénateur de Mayotte Thani Mohamed Soilihi (Francophonie et Partenariats internationaux).
Le déplacement de M. Bayrou suit celui d'Emmanuel Macron, les 19 et 20 décembre lors duquel le président de la République a annoncé de premières mesures d'urgence pour une île qui, "pendant des mois", "ne vivra pas en situation normale".
M. Macron a également été confronté pendant de longues heures à l'impatience, la colère et au désespoir de Mahorais qui ont souvent tout perdu. Il s'est attiré des critiques pour avoir notamment répondu: "N'opposez pas les gens! Si vous opposez les gens on est foutu, parce que vous êtes contents d'être en France. Parce que si c'était pas la France vous seriez 10.000 fois plus dans la merde!".
Son nouveau Premier ministre François Bayrou a, lui, connu une première et intense polémique en se rendant, deux jours après le cyclone, à Pau pour présider le conseil municipal de la ville dont il est le maire depuis 2014.
Puis il avait promis sa venue à Mayotte dès après la formation de son gouvernement, annoncé lundi avec, à l'Outremer, le retour inattendu d'un ancien Premier ministre, Manuel Valls.
-"Reconstruction"-
M. Bayrou a présidé une réunion avec quelques ministres en visio-conférence depuis Pau mercredi, notamment consacrée à la question du logement et de la reconstruction. Une nouvelle réunion s'est tenue jeudi à Matignon.
Le chef du gouvernement "a vraiment l'intention d'y aller sur la partie reconstruction". "Au gouvernement de rebâtir. Il ira sur cette base-là", expliquait la semaine dernière un membre de son entourage.
Dans l'archipel dévasté par le cyclone le plus intense depuis 90 ans, toutes les communes ont été touchées et les bidonvilles rasés, et les déchets s'accumulent, provoquant la crainte de risques sanitaires.
Eau, denrées alimentaires: même si les premières distributions ont commencé, près de deux semaines après le passage de Chido, de nombreux habitants se disent abandonnés et attendent encore de l'aide. Et l'électricité est encore coupée pour plus de la moitié des foyers mahorais.
Plus de 3.900 membres (dont 1.500 en renfort) de la sécurité civile, de la police, de la gendarmerie et des armées sont engagés à Mayotte, ont précisé les autorités mercredi.
-Écoles dévastées-
Autre urgence, alors que la nouvelle ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, accompagne M. Bayrou: la rentrée scolaire. Au vu de l'ampleur considérable des dégâts, l’État "ne pourra pas rouvrir toutes les écoles le 13 janvier" à Mayotte, a d'ores et déjà prévenu Emmanuel Macron.
"On ne pourra pas régler les problèmes de fond de Mayotte si on ne règle pas le problème de l'immigration clandestine", avait également déclaré, sur place, Emmanuel Macron. Mayotte compte à peu près 320 000 habitants. Selon le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, il y aurait "autour de 100.000" personnes en situation irrégulière, majoritairement venant des Comores voisines.
En 2023, quelque 22.000 reconduites à la frontière ont été effectuées, contre un peu plus de 25.000 l'année précédente.
Mayotte est située à moins de 70 km d'Anjouan, l'une des trois grandes îles composant l'Union des Comores. Cette proximité facilite l'immigration en provenance de ce pays parmi l'un des plus pauvres au monde.
Devenue un département français en 2009 après avoir choisi la France lors de deux référendums en 1974 et 1976, Mayotte est au cœur de tensions historiques et diplomatiques entre Paris et Moroni, capitale de l'archipel des Comores, qui ne reconnaît pas l'autorité française sur l'île.
L.Amato--IM