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Des Roumains inquiets aux urnes, possible percée de l'extrême droite

Des Roumains inquiets aux urnes, possible percée de l'extrême droite

Les Roumains se pressent aux urnes dimanche au premier tour de la présidentielle dans un climat social et géopolitique tendu, qui pourrait favoriser le candidat d'extrême droite et marquer un tournant nationaliste dans ce pays d'Europe orientale.

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Parmi les 13 postulants, le chef du parti AUR (Alliance pour l'unité des Roumains) George Simion, 38 ans, apparaît en position de se qualifier pour le second tour selon les sondages qui le créditent de 15 à 19%, contre quelque 25% pour le favori, l'actuel Premier ministre social-démocrate (PSD) Marcel Ciolacu, 56 ans.

Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, M. Simion a capitalisé selon les experts sur la détresse d'une partie de la population appauvrie par la forte inflation.

"Je suis heureux que nous redonnions aux Roumains de l'espoir et la perspective d'un avenir meilleur", a-t-il déclaré dimanche, mettant en garde contre le risque de "fraudes" et "d'interférences étrangères".

A Bucarest, plusieurs électeurs ont confié à l'AFP leur envie de "changement, de voir enfin les choses bouger", comme Andreea Irimie, enseignante de 29 ans, venue voter par un froid dimanche ensoleillé, d'autres évoquant leur peur de la guerre dans l'Ukraine voisine.

Les bureaux ferment à 21H00. Des sondages à la sortie des urnes sont attendus peu après.

- Fan de Trump -

Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev et inlassable avocat des valeurs européennes, ce scrutin est porteur de lourds enjeux, même si le poste de président est essentiellement protocolaire.

La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l'Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique "vital", rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l'Otan, dont elle abrite plus de 5.000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes.

"La démocratie roumaine est en danger pour la première fois depuis la chute du communisme en 1989", analyse pour l'AFP le politologue Cristian Parvulescu. Avec "une donne qui s'est compliquée" depuis la victoire de Donald Trump aux élections américaines.

George Simion, parfois coiffé d'une casquette rouge siglée Trump, ne cache par son admiration pour le milliardaire et espère profiter de ce vent favorable aux courants ultra-conservateurs.

Contre toute aide militaire à Kiev qui l'a banni pour ses activités "anti-ukrainiennes", contre "la bulle corrompue" de Bruxelles, contre les droits des LGBT+: le responsable prône une Roumanie "patriote" qui ne soit plus dirigée par par "des lâches et des larbins" se pliant aux diktats extérieurs.

- Polémique et attaques -

S'il réalise un bon score, son parti AUR devrait bénéficier d'"un effet de contagion" aux législatives du 1er décembre, entre les deux tours de la présidentielle, pronostique M. Parvulescu.

La campagne a été marquée par une série de polémiques et d'attaques personnelles, le chef de l'extrême droite étant accusé d'avoir rencontré des espions russes, ce qu'il a nié, tandis que le Premier ministre est sur la sellette pour des vols controversés en jets privés.

Malgré une faible cote de popularité, Marcel Ciolacu espère convaincre avec un message de "stabilité" qu'il a répété après avoir glissé son bulletin dans l'urne, promettant d'offrir aux Roumains "un niveau de vie décent".

Sa formation, héritière de l'ancien parti communiste, structure la vie politique du pays depuis plus de trois décennies et gouverne actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.

En troisième position dans les sondages, Elena Lasconi, 52 ans, maire centre droit d'une petite ville, pourrait créer la surprise.

"J'ai voté (...) pour que plus personne ne fasse ses valises et quitte le pays", pour "des institutions qui fonctionnent, de bonnes écoles pour vos enfants, des hôpitaux pour vous soigner", a lancé dimanche cette ex-journaliste, dans un pays miné par la corruption et le départ à l'étranger de millions de Roumains. Et "pour que ceux morts lors de la révolution de 1989 "ne le soient pas en vain".

N.Baggi--IM