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En Roumanie, percée attendue de l'extrême droite à la présidentielle
En Roumanie, percée attendue de l'extrême droite à la présidentielle / Photo: Daniel MIHAILESCU - AFP

En Roumanie, percée attendue de l'extrême droite à la présidentielle

Les Roumains votent dimanche au premier tour de la présidentielle dans un climat social tendu qui pourrait favoriser le candidat d'extrême droite et marquer un tournant illibéral dans ce pays d'Europe orientale.

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Parmi les 13 candidats, le chef du parti AUR (Alliance pour l'unité des Roumains) George Simion, 38 ans, apparaît en position de se qualifier pour le second tour, selon les sondages qui le créditent de 15 à 19%, contre quelque 25% pour le favori, l'actuel Premier ministre social-démocrate (PSD) Marcel Ciolacu, 56 ans.

Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, M. Simion a capitalisé selon les experts sur la colère des Roumains appauvris par une inflation record (10% l'an dernier, 5,5% prévus en 2024).

Son accession au deuxième tour prévu le 8 décembre serait un coup de tonnerre dans ce loyal Etat membre de l'UE et de l'Otan de 19 millions d'habitants qui a jusqu'ici résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie.

"J'ai vraiment peur qu'on se retrouve avec Simion" au soir du scrutin, témoigne dans les rues de Bucarest Oana Diaconu, informaticienne de 36 ans, s'inquiétant de son caractère imprévisible et de ses diatribes contre l'UE.

Les bureaux de vote ouvrent à 07H00 (05H00 GMT) et ferment à 21H00. Des sondages à la sortie des urnes sont attendus peu après.

- Fan de Trump -

Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev et inlassable avocat des valeurs européennes, ce scrutin est porteur de lourds enjeux, même si le poste de président est essentiellement protocolaire.

La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l'Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique "vital", rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l'Otan, dont elle abrite plus de 5.000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes.

"La démocratie roumaine est en danger pour la première fois depuis la chute du communisme en 1989", analyse pour l'AFP le politologue Cristian Parvulescu. Avec "une donne qui s'est compliquée" depuis la victoire de Donald Trump aux élections américaines.

George Simion, parfois coiffé d'une casquette rouge siglée Trump, ne cache par son admiration pour le milliardaire et espère profiter de ce vent favorable aux courants ultra-conservateurs.

Contre toute aide militaire à Kiev qui l'a banni pour ses activités "anti-ukrainiennes", contre "la bulle corrompue" de Bruxelles, contre les droits des LGBT+: le responsable coche toutes les cases d'une politique illibérale et nationaliste, prônant une Roumanie "plus patriote".

- Polémique et attaques -

"Nous ne voulons plus être traités comme des citoyens de seconde zone", martèle-t-il, déplorant que la Roumanie n'ait été dirigée que par "des lâches et des larbins" se pliant aux diktats extérieurs.

Il a multiplié les voyages en Europe, à la conquête de la nombreuse diaspora roumaine.

S'il réalise un bon score, son parti AUR devrait bénéficier d'"un effet de contagion" aux législatives du 1er décembre, entre les deux tours de la présidentielle, pronostique M. Parvulescu.

La campagne a été marquée par une série de polémiques et d'attaques personnelles, le chef de l'extrême droite étant accusé d'avoir rencontré des espions russes, ce qu'il a nié, tandis que le Premier ministre est sur la sellette pour des vols controversés en jets privés.

Malgré une faible cote de popularité, Marcel Ciolacu, soucieux de renvoyer l'image d'un homme humble et autodidacte, espère convaincre avec son message de "stabilité".

Sa formation, héritière de l'ancien parti communiste, structure la vie politique du pays depuis plus de trois décennies au gré de multiples scandales de corruption et gouverne actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.

En troisième position dans les sondages figure Elena Lasconi, 52 ans, ancienne journaliste et maire d'une petite ville à la tête d'un parti de centre droit, qui pourrait créer la surprise.

"Notre meilleur espoir serait peut-être de nous réveiller avec elle au lendemain du premier tour, elle semble la candidate la plus honnête", confie Mme Diaconu avant de sauter dans un tramway.

B.Agosti--IM