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Ouverture du procès de huit personnes jugées après l'assassinat de Samuel Paty
Ouverture du procès de huit personnes jugées après l'assassinat de Samuel Paty / Photo: STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Ouverture du procès de huit personnes jugées après l'assassinat de Samuel Paty

La salle des grands procès du palais de justice de Paris affichait complet lundi pour l'ouverture du procès de huit personnes dont une femme jugées pour avoir contribué à la campagne de haine ayant conduit à l'assassinat le 16 octobre 2020 de Samuel Paty, 47 ans, professeur d'histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

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L'assassin, Abdoullakh Anzorov, un jeune islamiste radical russe de 18 ans d'origine tchétchène, bénéficiaire du statut de demandeur d'asile en France, est le grand absent du procès: il a été tué par la police peu après avoir poignardé et décapité le professeur.

La première journée d'audience d'un procès prévu pour durer sept semaines a été très formelle. Après avoir vérifié l'identité des accusés, la cour, composée uniquement de magistrats professionnels, a procédé à l'appel des témoins.

 

La jeune fille, toujours mineure, doit témoigner le 26 novembre. Jugée avec cinq autres ex-collégiens l'automne dernier à huis clos par le tribunal des enfants de Paris, elle a été condamnée à 18 mois de prison avec sursis pour dénonciation calomnieuse.

Avant de donner la parole aux accusés, éventuellement dans la soirée, le président Franck Zientara devait passer une bonne partie de l'après-midi à lire le rapport résumant les faits.

La cour commencera l'examen de personnalité des accusés à partir de mardi. Les premiers interrogatoires des accusés sur les faits débuteront le 20 novembre.

Parmi eux, deux jeunes amis de l'assaillant doivent répondre de complicité d'assassinat terroriste, un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Les six autres accusés, dont trois, sous contrôle judiciaire, comparaissent libres, sont jugés pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, un crime passible de 30 ans de réclusion criminelle.

Brahim Chnina, Marocain de 52 ans, le père de la collégienne qui a menti sur Samuel Paty et Abdelhakim Sefrioui, un militant islamiste franco-marocain de 65 ans, sont dans le box pour avoir massivement relayé les mensonges de l'adolescente sur les réseaux sociaux dans le but, selon l'accusation, de "désigner une cible", "susciter un sentiment de haine" et "ainsi préparer plusieurs crimes".

Ils sont tous deux accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste.

- "Péril mortel" -

Les deux amis d'Anzorov, Naïm Boudaoud, 22 ans, et le Russe d'origine tchétchène Azim Epsirkhanov, 23 ans, qui encourent la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d'assassinat terroriste, sont notamment accusés d'avoir accompagné Anzorov dans une coutellerie de Rouen la veille de l'attentat.

L'assassinat de Samuel Paty, survenu en plein procès des attentats du 7 janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo, a constitué une onde de choc dans la société française.

"La mécanique tragique qui a abouti au martyre de Samuel Paty révèle la profondeur de l'entrisme islamiste en France et sa porosité avec le terrorisme. Son exposition en détail en audience publique doit non seulement aboutir à la condamnation sévère de ceux qui y ont concouru, mais aussi permettre une prise de conscience de notre société face à un péril mortel", souhaitent Thibault de Montbrial et Pauline Ragot, avocats de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné.

Francis Szpiner, avocat d'autres membres de la famille de Samuel Paty, a souhaité "que la justice se montre à hauteur du crime qui a été commis, un fait inouï dans l'histoire de la République".

Le procès devrait être l'occasion d'évoquer la figure de Samuel Paty, un homme "esseulé, apeuré, aux abois", selon les magistrats instructeurs.

"Je suis menacé par des islamistes locaux", écrit-il à ses collègues le 10 octobre 2020, quatre jours après son cours sur la liberté d'expression. A aucun moment, l'enseignant menacé ne bénéficiera d'une protection policière.

Lui qui a l'habitude de rentrer chez lui à pied demande à des collègues de le raccompagner en voiture les quatre jours qui précèdent son assassinat. Sauf le 16 octobre, veille de vacances scolaires, où aucun enseignant motorisé n'est disponible.

Triste symbole du sentiment d'insécurité qui l'habitait, un dérisoire marteau a été découvert dans son sac à dos après son assassinat.

Le procès est prévu jusqu'au 20 décembre.

A.Bruno--IM