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Elections au Botswana: le pouvoir reconnaît une défaite cuisante et historique
Elections au Botswana: le pouvoir reconnaît une défaite cuisante et historique / Photo: Monirul Bhuiyan - AFP

Elections au Botswana: le pouvoir reconnaît une défaite cuisante et historique

Le président du Botswana, Mokgweetsi Masisi, a reconnu vendredi la victoire historique de l'opposition aux élections dans ce pays d'Afrique australe que son parti dirigeait depuis l'indépendance il y a près de 60 ans.

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"Je souhaite féliciter l'opposition pour sa victoire et concéder l'élection", a déclaré le chef de l'Etat sortant lors d'une conférence de presse, après des résultats encore partiels désastreux pour son gouvernement, plombé par une croissance en berne et des accusations de népotisme et corruption.

"Nous avons eu tout faux aux yeux du peuple", a-t-il reconnu.

La défaite s'annonçait cuisante pour son parti démocratique du Botswana (BDP), qui avait la majorité absolue et est d'après les premiers résultats devancé au parlement par les trois partis de la coalition d'opposition.

"Nous étions vraiment convaincus de notre message. Mais tout indique, à tous points de vue, que je ne peux en aucun cas prétendre à ce que nous formions un gouvernement", a poursuivi M. Masisi.

Il a ajouté qu'il allait "préparer toutes les procédures administratives pour faciliter la transition".

"Nous sommes tout à fait heureux de nous retirer pour devenir une opposition loyale qui demande des comptes au gouvernement", a affirmé le dirigeant de 63 ans.

Son parti du BDP dirigeait le Botswana, dont l'économie repose notamment sur le diamant, depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1966.

Les premiers décomptes ont montré que les trois partis d'opposition avaient obtenu ensemble au moins 31 des 61 sièges du Parlement lors des élections de mercredi.

Il appartient ensuite à cette chambre de désigner le président, élu au suffrage indirect.

Le parti d'opposition de gauche Umbrella for Democratic Change (UDC), dirigé par l'avocat des droits humains et diplômé de Harvard, Duma Boko, 54 ans, a obtenu au moins 24 sièges, a indiqué à l'AFP Mike Keakopa, un responsable de cette formation.

Cette "vague bleue" (la couleur de l'UDC, ndlr) est complétée par les deux autres partis d'opposition, le Parti du Congrès du Botswana (BCP) et le Front patriotique du Botswana (BPF).

Selon les derniers résultats partiels publiés par les médias locaux vendredi matin, l'UDC obtenait 27 sièges, le BCP 12, le BPF 5 et le BDP seulement 3.

Les résultats devraient être confirmés par la Commission électorale indépendante plus tard dans la journée de vendredi, le dépouillement étant toujours en cours.

- Chômage et diamants -

"Le changement est là", a déclaré Duma Boko sur Facebook, alors que se dessinait nettement la victoire de son parti, fêtée dans la rue par des partisans de l'UDC flanqués de t-shirt à son effigie.

Plus d'un million de personnes étaient inscrites sur les listes électorales mercredi, sur une population de 2,6 millions d'habitants.

L'une des principales préoccupations des électeurs était le chômage en hausse (27%), surtout chez les jeunes, et l'érosion des ventes de diamants, la principale source de revenus du Botswana, concurrencés par ceux de synthèse.

Le Botswana en est le deuxième producteur mondial, derrière la Russie.

La croissance est en berne (attendue à 1% en 2024).

Le gouvernement du président sortant était également accusé de corruption, de népotisme et de mauvaise gestion, alors que l'écart entre les riches et les pauvres est l'un des plus importants au monde, selon la Banque mondiale.

"Cela fait bien trop longtemps que l'on fonctionne sous un système qui a toujours produit les mêmes résultats, au mieux médiocres", a déclaré M. Boko dans une interview accordée à la chaîne sud-africaine eNCA en juillet.

Les Botswanais "réclament un changement" et "aspirent à quelque chose de rafraîchissant et de différent", a-t-il ajouté.

La popularité du BDP a baissé au fil des décennies, passant pour la première fois sous la barre des 50% lors des élections de 2014, lorsque Ian Khama, fils du premier président du Botswana, Sir Seretse Khama, était au pouvoir.

Mais le parti s'attendait quand même à rester en place, Mokgweetsi Masisi ayant déclaré le jour du scrutin que "la victoire était "certaine".

Selon des observateurs, le nouveau gouvernement aura pour principaux défis la stabilisation et la diversification l'économie, en diminuant la dépendance du pays à l'égard des diamants, et la création d'emplois pour les jeunes.

L.Bernardi--IM