Présidentielle: splendeur et misère dans les QG des candidats
Ils étaient douze sur la ligne de départ et désormais plus que deux: au soir du premier tour de l'élection présidentielle dimanche, marqué par un fort taux d'abstention, la joie ou la déception ont envahi les QG des candidats.
D'un côté, Marseillaise, applaudissements et cris de joie chez le président sortant Emmanuel Macron et la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, qui s'affronteront au second tour, pour le match retour de 2017.
Mais une toute autre atmosphère dans les QG de Jean-Luc Mélenchon, en troisième position, et les candidates de la gauche et de la droite historiques, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, grande perdante.
Se disant "très heureux", un verre à la main à l'Event Center de Paris, Rémy Mateu, 31 ans, dit "tout miser sur Emmanuel Macron pour les cinq ans à venir".
"C'est la personne qu'il faut vu le contexte entre le Covid et la guerre en Ukraine", dit-il, ne se disant pas surpris par le score de son candidat malgré le "doute" semé par les rumeurs d'un score plus serré peu avant 20H00.
S'il pense que "Macron gagnera largement comme en 2017", il estime qu'il va devoir "faire campagne ces 15 prochains jours et multiplier les déplacements", alors qu'il lui a été reproché d'être entré trop tardivement en campagne.
Allégresse aussi dans le camp de Marine Le Pen, qui avait réuni ses troupes au Pavillon Chesnais du Roy, à Paris, au milieu des jonquilles et cerisiers en fleurs. Signe de la confiance qui règne dans ses rangs: des bouteilles de champagne estampillées "Marine présidente" se trouvaient au bar.
Pour Harald Ellefsen, 56 ans, steward de profession et soutien de longue date du parti, Mme Le Pen a eu "beaucoup plus de punch, de détermination et d'ambition" dans cette campagne. "Elle fera réellement quelque chose", dit-il.
- Droite "cramée" -
A l'inverse, un long silence a envahi à 20H00 le QG de Valérie Pécresse, qui réalise le plus mauvais score d'un candidat de la droite sous la Vè République.
C'est la douche froide. Les militants soupirent, râlent quand apparaissent les visages de M. Macron et Mme Le Pen.
"Je ne crois pas à un éclatement" des Républicains, pense cependant un étudiant de 22 ans, Benjamin Sapin. Mais "ça risque d'être compliqué" pour choisir un nouveau chef de file, "beaucoup de courants vont s'affronter et ça risque de créer des remous".
Hervé Cadoret, 62 ans, va plus loin, dépité: "Je crois que la droite traditionnelle est cramée pour un bon bout de temps, à moins qu'un leadership émerge. Ça va être dur de revenir en politique en France".
Pendant ce temps, au Cirque d'hiver, une déception teintée de colère était palpable chez les partisans de Jean-Luc Mélenchon, qui rate la marche du second tour pour la troisième fois, même s'il améliore son score.
"J'espérais qu'il serait au deuxième tour. L'écologie et la justice sociale ne seront pas au second tour des élections. Les gens sont tristes", commente Néhémy Pierre-Dahomey, 35 ans, un militant qui réconforte une amie en pleurs.
"En colère", se dit Elise Ballet, 33 ans et océanographe. "Contre les gens qui votent Macron, contre ceux qui votent Le Pen, et les gens de gauche qui ne votent pas Mélenchon". "En toute honnêteté, il pourra donner toutes les consignes de vote qu'il veut, je n'irai pas voter", assure-t-elle.
L'autre candidat d'extrême droite, Eric Zemmour avait lui réuni des centaines de militants dont de nombreux jeunes à la Mutualité, sur fond de musique classique, fumée et projecteurs bleu-blanc-rouge, cravates et robes de soirée de rigueur.
"Extrêmement déçu, choqué, je m'attendais plus à un résultat autour des 15 ou 20%", se lamente Tanguy David, 18 ans, membre de Génération Z.
"C'était Zemmour ou rien, car je suis d'accord avec tout ce qu'il dit et je pense même qu'il ne va pas assez loin", témoigne Albane, 18 ans qui a voté pour la première fois. Elle votera tout de même au second tour "contre Macron". Son candidat a d'ailleurs appelé un peu plus tard dans la soirée à voter pour Marine Le Pen.
E.Mancini--IM