Corée du Nord: échec du tir d'un "projectile non identifié"
La Corée du Nord a tiré mercredi un "projectile non identifié" mais le lancement semble avoir échoué, a indiqué Séoul, des analystes estimant qu'il pourrait s'agir d'un missile balistique intercontinental (ICBM) baptisé "missile monstre".
Ce tir intervient quelques jours après que Washington a accusé Pyongyang de préparer un lancement de missile "à pleine portée", ce qui mettrait fin au moratoire qu'elle s'est elle-même imposé en 2017.
Ce lancement raté constituerait le dixième essai d'armement de Pyongyang depuis le début de l'année, après sept essais de missiles et deux essais décrits comme des "satellites de reconnaissance" par la Corée du Nord.
La Corée du Sud et les Etats-Unis ont déclaré la semaine dernière que ces essais concernaient en fait un nouveau système de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) qui n'a jamais été lancé auparavant --surnommé "missile monstre" par les analystes.
Le missile balistique présumé "semble avoir explosé en plein vol peu après son lancement", ont déclaré à l'AFP des chefs d'état-major sud-coréens.
Le tir a eu lieu depuis la zone de Sunan vers 9H30 (00H30 GMT), selon eux.
Les lancements du 27 février et du 5 mars provenaient également de la zone de Sunan à Pyongyang.
Des médias japonais ont rapporté que Pyongyang avait peut-être tiré un missile balistique, citant un responsable non identifié du ministère de la Défense.
Selon la télévision publique japonaise NHK, de hauts responsables du gouvernement sont réunis au sein du bureau du Premier ministre pour évoquer la situation.
- "Moment optimal"-
Les Etats-Unis ont déclaré cette semaine avoir "augmenté l'intensité" de leurs systèmes de défense antimissile en Corée du Sud et avoir effectué une démonstration aérienne basée sur un porte-avions en mer Jaune à la suite des récents tirs nord-coréens.
La Corée du Nord désire depuis longtemps un ICBM capable de transporter plusieurs ogives, le Hwasong-17 qui a été dévoilé pour la première fois lors d'une parade en octobre 2020.
"Des signes indiquent que le Nord a testé le Hwasong-17 aujourd'hui", a déclaré à l'AFP Cheong Seong-chang, chercheur principal à l'Institut privé Sejong.
Cet engin n'a jamais été testé mais Washington a affirmé la semaine dernière que Pyongyang en avait récemment testé des parties déguisées en satellite.
La Corée du Nord fait l'objet de sanctions internationales sévères en raison de son programme de missiles et d'armes nucléaires, mais les Etats-Unis ont déclaré que ces essais constituaient une "escalade grave" et qu'ils seraient sanctionnés.
Pyongyang observe un moratoire auto-imposé sur les essais d'armes nucléaires et à longue portée mais les pourparlers étant dans l'impasse et les sanctions toujours en place, elle semble sur le point de le rompre.
- "Moment idéal" -
"Comme il est désormais très improbable que la Russie accepte de prendre des sanctions supplémentaires à l'encontre du Nord en cas de lancement d'un tel essai dans le contexte de son invasion de l'Ukraine, Pyongyang semble avoir jugé que c'était le moment optimal pour agir", a déclaré M. Cheong.
Il peut falloir environ trois essais pour s'assurer que le missile fonctionne, estime-t-il, ajoutant s'attendre "à ce que le Nord procède à un ou deux autres lancements d'essai avant le 15 avril", a-t-il ajouté.
La Corée du Nord célèbrera en avril le 110e anniversaire de la naissance de Kim Il Sung, fondateur du pays et grand-père de Kim Jong Un, et les images satellites indiquent que la Corée du Nord se prépare à un défilé militaire.
"Le régime entend démontrer ses nouvelles prouesses techniques autour du 110e anniversaire de la naissance de son fondateur, Kim Il-sung", a expliqué Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul.
"Si le dernier lancement de missile est effectivement un échec, il est presque certain que la Corée du Nord continuera à procéder à des essais".
Le fait que le lancement de mercredi a échoué indique qu'il ne s'agissait pas d'un "missile ordinaire", a déclaré à l'AFP Ahn Chan-il, spécialiste des études nord-coréennes.
Le moment choisi, durant la période de tension à la présidence en Corée du Sud et alors que la planète a les yeux rivés vers l'invasion de Ukraine, montre que Pyongyang cherche à exercer un effet de levier maximal, a-t-il ajouté.
Un nouveau lancement d'ICBM serait un premier défi pour le nouveau président élu de Corée du Sud Yoon Suk-yeol, qui a promis d'adopter une ligne plus dure face aux provocations du Nord.
M. Yoon n'a pas exclu la possibilité d'un dialogue avec Pyongyang mais les analystes estiment que sa position belliciste réduit considérablement la perspective d'un dialogue substantiel.
P.Rossi--IM