Il Messaggiere - Chili: pour le jeune président Boric, ça commence aujourd'hui

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Chili: pour le jeune président Boric, ça commence aujourd'hui
Chili: pour le jeune président Boric, ça commence aujourd'hui

Chili: pour le jeune président Boric, ça commence aujourd'hui

Le défi commence aujourd'hui pour le nouveau jeune président de gauche du Chili, Gabriel Boric, 36 ans, qui prend vendredi les rênes du pays et doit désormais tenir les promesses qui l'ont porté au pouvoir.

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"Nous allons réaliser tous les changements que nous avons proposés, comme nous l'avons dit pendant la campagne, étape par étape, car nous sommes convaincus que la grande majorité des Chiliens exigent des changements structurels", avait assuré le plus jeune président jamais élu dans le pays lors de la présentation de son gouvernement de 42 ans de moyenne d'âge, avec 14 ministres femmes sur 24 et un tiers d'indépendants.

Héritier politique de la révolte sociale qui avait secoué le Chili en 2019, considéré jusqu'alors comme le pays le plus stable de la région, le président élu en décembre à la tête d'une coalition de gauche doit trouver des réponses aux demandes de transformation des systèmes de santé, d'éducation et de retraite ainsi qu'aux exigences de réduction des inégalités.

"Ce ne sont pas des problèmes mineurs. Boric a promis le dialogue pour surmonter ces problèmes et il faut voir si cette prédisposition au dialogue se traduit par le fait que les citoyens ne s'épuisent pas à nouveau à attendre des solutions", a déclaré à l'AFP Rodrigo Espinoza, universitaire à l'Université Diego Portales.

Pour l'ex-leader étudiant, député depuis 2014, la solution passe par l'instauration d'un Etat-providence inspiré de la social-démocratie européenne et de rompre avec le néolibéralisme dont le Chili a été le laboratoire sous la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

Si les résultats économiques du Chili depuis 30 ans ont été salués et enviés, ils ont été obtenus au prix de grandes inégalités (1% de la population possède 26% des richesses, selon l'ONU) et ont conduit aux violences de 2019.

Le président sortant conservateur Sebastian Pinera avait été forcé de céder à la demande d'écriture d'une nouvelle Constitution. Après l'élection des membres d'une Assemblée constituante, la rédaction de la nouvelle Table des lois est en cours et sa nouvelle version sera soumise à référendum courant 2022.

"On ne commence pas un nouveau chapitre de notre histoire démocratique. On ne part pas de zéro, il existe une histoire avant nous qui nous élève et nous inspire", avait cependant tempéré M. Boric le 21 janvier lors de l'annonce de son gouvernement qu'il veut également "écologiste".

- "Obstacles" -

"Boric commence dans un climat favorable de l'opinion publique, grâce à tout le capital politique qu'il a obtenu lors des élections et avec la nomination de son gouvernement" ouvert à diverses sensibilités, augure Marco Moreno, directeur de l'école de Sciences politiques de l'Université centrale du Chili.

Mais il devra réformer en parvenant à rassembler avec un Parlement loin d'être acquis à sa cause: "Le grand défi que Boric devra relever est d'instaurer un dialogue pour surmonter les obstacles législatifs afin d'avoir la capacité de financer ses désirs d'Etat-providence", estime M. Espinoza.

Il devra également faire face à la méfiance des élus radicaux de droite et de gauche quant à sa capacité à réaliser les changements sociaux qu'il promet alors que sa marge de manoeuvre est réduite par le ralentissement de l'économie chilienne.

En attendant d'affronter la pile de dossiers qui s'accumulent sur son bureau du palais présidentiel de La Moneda, l'heure est à la passation de pouvoirs.

Au siège du Parlement, situé dans le port de Valparaiso, plus de vingt dignitaires internationaux sont invités à assister à l'adoubement du représentant d'un nouvelle génération de la politique chilienne, dont les présidents argentin Alberto Fernandez et péruvien Pedro Castillo ou le roi Felipe VI d'Espagne.

L'espoir que Gabriel Boric suscite dans une partie de la population contraste fortement avec l'opinion qu'ont les Chiliens de son prédecesseur, le milliardaire Sebastian Piñera, 72 ans, qui achève son second mandat avec 71% d'insatisfaits, le pire désamour depuis le retour de la démocratie en 1990.

Z.Bianchi--IM