Il Messaggiere - Vote massif rare à l'ONU pour "exiger" de la Russie l'arrêt de la guerre en Ukraine

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Vote massif rare à l'ONU pour "exiger" de la Russie l'arrêt de la guerre en Ukraine
Vote massif rare à l'ONU pour "exiger" de la Russie l'arrêt de la guerre en Ukraine

Vote massif rare à l'ONU pour "exiger" de la Russie l'arrêt de la guerre en Ukraine

L'Assemblée générale de l'ONU a adopté mercredi une résolution qui "exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine", lors d'un vote approuvé massivement par 141 pays, 5 s'y opposant, et 35 s'abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte l'Organisation.

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Le résultat a été salué par une salve d'applaudissements.

Les cinq pays ayant voté contre sont la Russie, le Belarus, la Corée du Nord, l'Erythrée et la Syrie.

La résolution, ponctuant plus de deux jours d'interventions à la tribune de l'ONU, réclame à Moscou qu'il "retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" d'Ukraine et "condamne la décision de la Russie d'accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires".

Piloté par l'Union européenne en coordination avec l'Ukraine, le texte, qui bénéficiait d'une centaine de co-parrainages, "déplore" également "dans les termes les plus vifs l'agression de la Russie contre l'Ukraine" et affirme "son attachement à la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale" de ce pays, y compris de "ses eaux territoriales".

"Le message de l'Assemblée générale est fort et clair", a réagi devant des journalistes le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Mettez fin aux hostilités en Ukraine — maintenant. Ouvrez la porte au dialogue et à la diplomatie — maintenant".

Pour le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, le résultat du vote est "historique", un point de vue partagé par le Premier ministre britannique, Boris Johnson, pour qui "rarement le contraste entre le bien et le mal a été aussi frappant".

Intitulée "Agression contre l'Ukraine", la résolution appelle par ailleurs à accorder à l'aide humanitaire un accès sans entrave - sur fond de discussions ardues au Conseil de sécurité sur un projet franco-mexicain de résolution sur le même sujet - et "déplore l'implication du Bélarus" dans l'attaque de l'Ukraine.

- "Génocide" ? -

L'ambassadeur de l'Ukraine à l'ONU, Sergiy Kyslytsya, avait dénoncé juste avant à la tribune de l'ONU un "génocide" en cours dans son pays, perpétré par la Russie, exhortant à "l'action" la communauté internationale pour ne pas rééditer ce qu'a fait Hitler.

"Il est déjà clair que l'objectif de la Russie n'est pas seulement une occupation. C'est un génocide", a-t-il dit alors que l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, assurait que la Russie entendait utiliser des "armes à sous-munitions" et des "armes thermobariques", interdites par une convention de Genève.

Son homologue russe, Vassily Nebenzia, a assuré que la Russie ne visait pas des cibles civiles et se bornait à défendre les populations vivant dans le Donbass, dans l'est séparatiste de l'Ukraine.

Outre l'Amérique du Nord et l'Europe, la résolution a bénéficié d'un vote favorable de nombreux Etats africains, mais pas celui de l'Afrique du Sud qui s'est abstenue, comme l'Algérie, la Centrafrique et le Mali, deux pays développant actuellement leurs liens avec la Russie. Le Burkina Faso, où s'est produit récemment un coup d'Etat, n'a pas voté, le Sénégal choisissant une abstention surprenante.

Une majorité des pays d'Amérique latine, pourtant très éloignés du théâtre ukrainien, ont voté en faveur de la résolution. Cuba comme le Nicaragua, proches de Moscou, se sont abstenus.

- Volte-face des Emirats -

Pour le Moyen-Orient, les Emirats arabes unis, suspectés d'avoir conclu un accord plus ou moins tacite avec la Russie en échange d'un vote favorable lundi de ce pays au Conseil de sécurité pour désigner les Yéménites Houthis comme "terroristes" et étendre l'embargo sur les armes à l'ensemble de ces rebelles, ont voté pour, rompant avec une position suivie depuis la semaine dernière au Conseil de sécurité, que ce pays préside depuis mardi et pour tout le mois de mars.

L'Iran, en négociations sur son programme nucléaire avec les Occidentaux, la Chine et la Russie, s'est abstenu, une position adoptée aussi par l'Irak. L'Arabie saoudite et Israël ont voté pour la résolution.

L'abstention de la Chine est fidèle à sa position adoptée depuis une semaine au Conseil de sécurité. L'Inde, membre non permanent de ce Conseil depuis plus d'un an et demi, et aux relations militaires étroites avec la Russie, s'est aussi abstenue, malgré de fortes pressions des Etats-Unis. Le Pakistan, aussi sous forte pression notamment des Européens pour un vote favorable, s’est abstenu.

La résolution à l'Assemblée était inspirée d'un texte rejeté la semaine dernière au Conseil de sécurité de l'ONU en raison d'un veto posé par la Russie qui a scandalisé les Occidentaux.

Au sein de l'Assemblée générale, le droit de veto, privilège des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), n'existe pas. Ses résolutions ne sont pas contraignantes légalement comme celles du Conseil, mais elles revêtent une forte valeur politique selon le nombre de pays qui l'approuvent.

En 2014, une condamnation similaire de la Russie pour l'annexion de la Crimée, qui s'était faite sans effusion de sang à la différence de l'invasion actuelle, avait obtenu 100 voix pour, 11 contre, tandis que 58 pays s'étaient abstenus et que le reste des 193 membres n'avait pas participé au scrutin.

Z.Bianchi--IM