Malgré les revers, Donald Trump garde l'ascendant sur le parti républicain
Il a perdu la présidentielle de 2020 et son rôle dans l'assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, fait l'objet d'une enquête. Mais rien n'y fait: Donald Trump continue de dominer le parti républicain, où personne ou presque ne lui fait de l'ombre.
L'ex-président américain, 75 ans, s'exprimera samedi à Orlando en Floride devant le CPAC, le rendez-vous annuel des conservateurs américains. L'occasion de confirmer sa popularité chez ses partisans.
En attendant son arrivée, sa présence est partout ressentie dans l'hôtel qui accueille la conférence: autant dans les casquettes rouges barrées d'un "Make America Great Again" (Rendre à l'Amérique sa grandeur, son slogan de campagne) que dans les discours, comme celui du sénateur républicain Ted Cruz, qui ont enchaîné les moqueries et les attaques contre les figures honnies par les conservateurs.
"Trump est si populaire que quelle que soit la position qu'il adopte, la plupart des républicains se disent qu'il faut faire la même chose que lui, ou au moins ne pas trop critiquer" sa position, explique Aubrey Jewett, professeure de sciences politiques à l'université de Floride Centrale.
"Parce que s'ils le font", ajoute-t-elle, celui dont la vindicte est redoutable et redoutée "se vengera politiquement".
- Entre passé et futur du parti -
Qu'ils le veuillent ou non, les républicains vont devoir composer avec lui en cette année cruciale d'élections législatives de mi-mandat, avec les risques politiques qu'impliquent certaines de ses déclarations.
Le mois dernier par exemple, M. Trump a dit qu'il pourrait gracier des participants à l'attaque du 6 janvier s'il était réélu en 2024. Seuls quelques républicains se sont publiquement opposés à cette possibilité, comme le gouverneur du New Hampshire, Chris Sununu.
L'ex-président reste en outre arc-bouté sur l'idée que la présidentielle de 2020 lui a été volée, répétant sans preuve qu'elle a été entachée de fraudes massives. Or la moitié des électeurs républicains veulent aller de l'avant sur ce sujet, selon un sondage du média Politico.
"Je pense que beaucoup de dirigeants républicains (...) préfèreraient laisser ça derrière eux. Ils ne voient pas cela comme l'avenir du parti. Ils préfèreraient ne pas parler de questions qui pourraient être controversées chez les électeurs", affirme Aubrey Jewett.
Donald Trump "reste quelqu'un dont on cherche l'appui, surtout dans les régions les plus conservatrices", souligne Susan MacManus, professeure émérite à l'Université de Floride du Sud.
"Mais nous voyons de plus en plus que certains éléments de langage ou de ton ne fonctionnent pas aussi bien avec les électrices. Et ce sont souvent des électrices indécises", souligne-t-elle.
- DeSantis, possible adversaire –
L'influence de M. Trump est telle que peu de voix ont émergé pour lui faire concurrence à la tête du parti.
Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, semble être le seul capable de s'en rapprocher. Jeudi, dans son discours au CPAC, M. DeSantis a pu vérifier qu'il bénéficiait d'un fort soutien chez les conservateurs.
Applaudissements, ovation à la fin de son intervention... Ainsi ont été accueillies ses critiques contre le président démocrate Joe Biden et les restrictions du gouvernement fédéral, face à qui le gouverneur se présente comme un défenseur des libertés individuelles.
Certaines de ses décisions en Floride, comme son refus d'imposer le port du masque contre le Covid-19 dans les écoles, ont fait de lui l'une des personnalités préférées de médias comme Fox News.
Et bien que M. DeSantis démente penser à la Maison Blanche, sa popularité pourrait le faire changer d'avis.
D'après un sondage publié cette semaine par l'Université de Floride du Nord et mené auprès des républicains encartés dans l'Etat, le gouverneur est quasiment à égalité avec Donald Trump comme favori pour la présidentielle.
"En tant que gouverneur, DeSantis a une très bonne idée des problèmes économiques qui affectent les autorités locales et les entreprises locales. Et il est capable de parler de l'économie d'une manière qui fait davantage sens pour les gens. Et en ce moment, l'économie est le gros problème", note Mme MacManus.
Signe de l'influence croissante de M. DeSantis, le New York Times fait état de tensions entre M. Trump et lui, le gouverneur se refusant à dire publiquement qu'il ne se présenterait pas en 2024 si l'ancien président se lançait dans la course.
Or Donald Trump, qui a grandement contribué à la montée en puissance de la carrière de M. DeSantis, exige une loyauté sans faille de ses partisans.
V.Barbieri--IM