Il Messaggiere - Des Américains s'interrogent sur le prix à payer pour défendre l'Ukraine

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Des Américains s'interrogent sur le prix à payer pour défendre l'Ukraine
Des Américains s'interrogent sur le prix à payer pour défendre l'Ukraine

Des Américains s'interrogent sur le prix à payer pour défendre l'Ukraine

Le président des États-Unis Joe Biden a promis de soutenir l'Ukraine après l'invasion militaire russe, mais certains Américains s'interrogent sur le prix à payer pour de tels efforts.

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C'est le cas du chauffeur de camion Jeremy Rakestraw, qui a dû vendre son véhicule quand sa facture mensuelle de carburant a plus que doublé pour atteindre les 17.000 dollars.

Il conduit désormais le camion de transport de marchandises d'une entreprise qui couvre ses frais d'essence, mais a vu son salaire rogné par la forte inflation aux États-Unis depuis un an.

"Personne n'utilise l'électricité ou le gaz chez moi et pourtant la facture continue de grimper", raconte M. Rakestraw, assis dans son poids lourd dans une aire de stationnement à Jessup, dans le Maryland, à plus de 30 heures de son domicile de Salt Lake City et à 2 heures et demi de sa destination dans le New Jersey.

– Sanctions –

M. Biden a dévoilé mardi et mercredi une première salve de sanctions, en réponse à la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance des territoires sécessionnistes dans l'est de l'Ukraine et devrait annoncer jeudi de nouvelles représailles économiques.

Ces mesures, visant à défendre un pays allié des États-Unis, risquent de faire monter encore plus le prix des carburants, qui a déjà beaucoup progressé au cours des dernières semaines.

"Pour chaque décision, il faut peser le pour et le contre", estime Abdullahi Ali, un chauffeur de taxi garé devant Union Station à Washington, où la clientèle se fait bien plus rare qu'avant la pandémie. "Il faut faire quelque chose", ajoute M. Ali mercredi, quelques heures avant l'attaque russe.

La hausse du coût de la vie entame le moral des Américains depuis des mois et a érodé la popularité de M. Biden en dépit de la hausse des salaires et du retour au travail de millions de travailleurs ayant perdu leur emploi au début de la pandémie.

La confiance des consommateurs américains, mesurée par une enquête mensuelle de l'université du Michigan, est tombée à son plus bas en 10 ans en février. Le prix moyen du gallon de gaz (3,8 litres) est de 3,54 dollars, environ un dollar de plus qu'avant la pandémie, selon l'Association américaine des Automobilistes (AAA).

Pour le chauffeur de camions Keith Wood, également stationné dans l'aire de Jessup, il n'y a pas de raison particulière de s'alarmer étant donné les fortes capacités de production de pétrole et de gaz des États-Unis.

"Nous sommes censés être autonomes. Je ne vois pas pourquoi les prix (à la pompe, ndlr) augmenteraient", estime-t-il.

– Indépendance énergétique –

Le pétrole et le gaz s'échangent toutefois sur un marché mondial, ce qui implique que le prix du baril peut s'envoler ou s'écrouler indépendamment de la politique énergétique américaine.

"Aucun président n'est en mesure de renverser à lui seul des dynamiques de marché", rappelle Patrick DeHaan, responsable de l'analyse des hydrocarbures chez GasBuddy.

Parfaitement au fait de cette situation, Moscou pourrait menacer de couper l'accès à sa vaste production pétrolière pour forcer les pays occidentaux à faire marche arrière sur l'Ukraine, prédit M. DeHaan.

Les Russes "se tireraient une balle dans le pied en limitant leurs exportations de pétrole, mais le simple fait d'envisager cette possibilité pourrait conduire à une avancée" en leur faveur, explique l'expert.

Les prix du carburant est un enjeu politique majeur aux États-Unis, les électeurs n'hésitant pas à sanctionner les élus et leurs partis en cas de forte augmentation.

Dipson Abass, un chauffeur de taxi de Washington, se montre lui prêt à davantage de sacrifices même si la récente hausse a affecté son activité professionnelle.

"Le prix de l'essence n'est rien comparé à la valeur d'une vie humaine", affirme-t-il "Quelles que soient les sanctions imposées contre la Russie, il faut y aller."

R.Abate--IM