Yémen: plus de 100 victimes dans une frappe contre une prison tenue par les rebelles
Plus de 100 personnes ont été tuées ou blessées vendredi dans une frappe aérienne contre une prison de Saada, le fief des rebelles Houthis dans le nord du Yémen, témoignant d'une vive escalade de la violence dans ce pays en guerre depuis sept ans.
"Il y a plus de 100 morts et blessés, et cela augmente", a déclaré Bachir Omar, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Yémen, citant le bilan des hôpitaux après cette attaque commise dans la nuit, qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat. Un acte "horrible", selon l'ONG Médecins sans frontières (MSF).
Toujours dans la nuit, la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, qui intervient au Yémen depuis 2015 pour soutenir le gouvernement, a frappé la ville portuaire de Hodeida (ouest), également aux mains des rebelles. Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat pour cette attaque, mais elle a provoqué une panne d'internet dans tout le pays.
C'est par Hodeidah que transite la majeure partie de l'aide humanitaire destinée au pays, un enjeu vital dans la guerre au Yémen qui oppose les Houthis, soutenus par l'Iran chiite, aux forces du gouvernement yéménite appuyé par la coalition de l'Arabie saoudite sunnite.
Les rebelles ont diffusé une vidéo montrant des scènes macabres présentées comme les conséquences de la frappe aérienne contre la prison de Saada, avec des bâtiments bombardés, des secouristes dégageant des corps des décombres et des cadavres mutilés à proximité.
"De ce que j'ai entendu de la part de collègues à Saada, il y a de nombreux corps sur le site de la frappe, et de nombreux disparus", a indiqué dans un communiqué Ahmed Mahat, le chef de la mission de Médecins sans frontières au Yémen.
L'hôpital de la ville a accueilli jusqu'ici quelque 200 blessés et dit qu'il ne pouvait plus en accueillir, selon lui.
L'attaque n'a pas été revendiquée mais la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite frappe régulièrement les territoires tenus par les insurgés.
- Droit de se défendre -
Ces frappes interviennent cinq jours après la revendication par les rebelles d'une attaque au drone et au missile qui a frappé des installations pétrolières et aéroportuaires à Abou Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, tuant trois personnes et en blessant six. Les Emirats sont membres de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite.
A New York, les membres du Conseil de sécurité doivent se réunir à 15H00 GMT en session d'urgence sur les attaques des Houthis contre les Emirats, à la demande expresse de ce pays, membre non permanent du Conseil depuis le 1er janvier.
De son côté, l'agence de presse saoudienne a déclaré que la coalition avait effectué à Hodeidah des "frappes aériennes ciblées pour détruire les capacités d'action de la milice Houthie", et qu'elle visait une "plaque tournante de la piraterie et du crime organisé".
Pour leur part, les Houthis ont indiqué que des personnes avaient été tuées dans ces frappes, mais leur déclaration n'a pas pu être confirmée dans l'immédiat. Un correspondant de l'AFP à Hodeidah a décrit une attaque de grande envergure.
L'organisation NetBlocks, spécialisée dans la surveillance de l'internet dans le monde, a fait état d'un "effondrement des connexions internet dans le pays" après le bombardement. Des correspondants de l'AFP à Hodeidah et à Sanaa ont confirmé la panne.
Cette escalade intervient après que les rebelles Houthis ont détourné le 3 janvier janvier un navire battant pavillon des Emirats arabes unis en mer Rouge. La coalition avait ensuite averti qu'elle bombarderait les ports tenus par les rebelles.
Le conseiller présidentiel des Emirats arabes unis, Anwar Gargash, a prévenu que son pays exercerait son droit de se défendre après l'attaque d'Abou Dhabi, dans une déclaration à l'envoyé spécial américain, Hans Grundberg, selon l'agence de presse officielle WAM.
C.Abatescianni--IM