"Vous devez partir": à Ottawa, l'avancée à petits pas de la police face aux manifestants
Les deux camps se toisent sans bouger pendant de longues minutes. Dans les rues d'Ottawa, d'un côté les manifestants anti-restrictions sanitaires bras dessus bras dessous, de l'autre les policiers en ligne. Derrière, une voix de robot retentit "vous devez partir ou vous serez arrêtés".
Et puis soudain les manifestants entonnent l'hymne national "Ô Canada" - en face aucune réaction de la part des forces de l'ordre qui tranquillement les forcent à reculer.
Il faut plusieurs minutes à la police pour gagner quelques centimètres, des heures pour quelques dizaines de mètres.
Dans les rangs des contestataires, opposés aux mesures sanitaires et plus particulièrement au pass vaccinal et installés dans les rues de la capitale fédérale depuis trois semaines, ils sont des dizaines à brandir leur téléphone, diffusant souvent en direct la scène sur les réseaux sociaux.
La voix en fond sonore diffusée par un mégaphone n'a pas cessé: "vous devez partir ou vous serez arrêtés", en écho les klaxons des camions -l'un des symboles de la manifestation- retentissent.
En deuxième et troisième ligne dans les rangs policiers, les agents sont bien plus lourdement armés que ceux qui occupent le devant de la scène face aux manifestants. C'est la première journée d'une vaste opération policière visant à déloger des rues d'Ottawa les manifestants.
Mais rien ne les décourage. Dans les rues, leurs pancartes sont toujours affichées sur les grilles, les drapeaux canadiens, devenus un emblème de leur mobilisation, flottent un peu partout.
Et puis autour il y a des tentes, des abris de fortune où les contestataires ont stocké pendant des jours leurs réserves de nourriture, ou distribué des repas et des cafés chauds...
- "Mon corps, mon choix" -
Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux la police fait de la pédagogie, tweetant des photos accompagnées d'un texte: "Ce que vous voyez, ce sont des unités d'ordre public en formation en ligne. On demande continuellement aux manifestants de partir, sinon ils risquent d'être arrêtés".
"Vous verrez la ligne avancer lentement pour donner aux personnes qui veulent partir la possibilité de le faire", ajoute le texte.
Dans leur progression, les policiers sont parfois confrontés à un petit mur de neige monté à la va-vite par les protestataires. Derrière, une femme crie "mon corps, mon choix", l'un des slogans employés par les opposants aux vaccins contre le Covid. Son voisin reprend à l'adresse des policiers: "on fait ça pour vos enfants".
Une jeune femme au bonnet bien enfoncé sur la tête et au maquillage rouge sur le visage tente de résister à l'avancée des policiers et s'accroche à un poteau. Aussitôt, elle est encerclée, mise à terre et interpellée.
Deux autres manifestantes se sont placées à genoux et refusent de bouger. Elles seront elles aussi appréhendées. La police a annoncé en milieu d'après-midi que 70 personnes avaient été arrêtées pour multiples infractions.
A quelques mètres de là devant le Sénat, un petit groupe d'enfants tue le temps sur un tas de neige. Indifférents à la scène qui se déroule sous leurs yeux, et à ce que font leurs parents tout à leur face-à-face avec la police.
R.Marconi--IM