A Barcelone, des moutons et des chèvres contre les incendies
Surplombant Barcelone, environ 300 moutons et chèvres broutent paisiblement des herbes capables de s'embraser en quelques heures dans le cadre d'un plan pilote de prévention des incendies dans la deuxième ville d'Espagne.
Il est un peu plus de 9H du matin lorsque le tintamarre des cloches retentit. Les nouveaux occupants du quartier se sont mis au travail, au pied du parc naturel de Collserola, le plus étendu de la ville, où les riverains promènent leur chien ou font leur jogging.
"A droite", "très bien ma jolie!" : Daniel Sánchez, le berger en chef, leur parle en catalan... avant de reprendre une conversation au téléphone tandis que le troupeau broute la partie basse de la végétation méditerranéenne du parc, chaque jour plus desséchée.
Son troupeau est le premier à paître ainsi depuis des décennies dans cette ville peuplée de 1,6 million d'habitants.
"Ce projet est né de la grande inquiétude autour de cette zone à haut risque d'incendies", explique Ferran Pauné, le biologiste en charge de cette expérimentation qui a été lancée en avril et doit durer jusqu'à juin.
"Nous sommes dans une zone méditerranéenne, très peuplée, avec de nombreux lotissements au sein d'un parc" dont la végétation a un potentiel de "combustion énorme", poursuit-il, en ajoutant qu'elle pourrait brûler "en seulement huit heures" dans des conditions extrêmes.
Les moutons et les chèvres "sont à l’œuvre" pour entretenir cette zone qui a été d'abord débroussaillée par les services municipaux et les animaux se sont "parfaitement" adaptés à cette aventure urbaine, continue Ferran Pauné.
"Ça prend feu chaque année", confirme Sergi Domínguez, un habitant du quartier en pointant du doigt la végétation.
"Les bêtes mangent les mauvaises herbes qui sont en-dessous, et c'est ce qu'il y a de mieux à faire" pour éviter des incendies trop dévastateurs, commente cet agent de maintenance de 52 ans qui aimerait voir davantage de moutons au printemps prochain.
Pour Daniel, le berger, qui a quitté son petit village de Sant Llorenç Savall, à 50 km à l'intérieur des terres, pour venir s'établir trois mois à Barcelone, "le défi principal, c'est de réhabituer les gens au milieu rural, ils ne savent plus ce que c'est", dit-il, avant de confier que l'adaptation n'a pas été facile pour lui non plus.
"Je commence à en avoir marre de ne plus voir l'obscurité complète mais aussi du bruit permanent. Parfois je crois entendre un mouton qui appelle et en fait, c'est la sirène d'une ambulance", confie-t-il.
E.Colombo--IM