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Climat: Al Gore juge "absurde" d'organiser les COP dans des "pétro-Etats"
Climat: Al Gore juge "absurde" d'organiser les COP dans des "pétro-Etats" / Photo: Laurent THOMET - AFP

Climat: Al Gore juge "absurde" d'organiser les COP dans des "pétro-Etats"

L'ancien vice-président américain Al Gore juge "absurde" d'organiser les COP sur le climat dans des "pétro-Etats" tels que l'Azerbaidjan et appelle à réformer le système actuel.

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Dans un entretien à l'AFP en marge de la COP29 à Bakou, le prix Nobel de la paix et président de l'ONG The Climate Reality Project, 76 ans, dit aussi espérer que l'élection de Donald Trump n'aura pas d'effet significatif.

QUESTION: Nous sommes à la COP29 à Bakou, après Dubaï l'an dernier. Est-ce le meilleur endroit pour discuter du climat et faudrait-il réformer la façon dont on désigne les pays hôtes?

REPONSE: "Il est absurde d'avoir ces pétro-Etats qui sont tellement dépendants du fait de continuer à vendre du pétrole et du gaz pour accueillir les COP, parce qu'il est difficile de ne pas voir qu'ils ont un conflit d'intérêt direct.

L'Azerbaïdjan (...) perçoit 90% de sa balance des paiements de la vente de pétrole et de gaz.

Son président a dit qu'ils étaient un "don de Dieu", je comprends son sentiment, mais à mon avis on doit réformer ce processus.

Je pense plus spécifiquement qu'on devrait donner au secrétaire général de l'ONU la capacité de participer au processus de désignation des pays et villes hôtes, et des présidents de COP. Et ne pas s'en remettre au processus habituel, qui dans le cas présent a signifié que la Russie a posé son véto sur tout le monde sauf l'Azerbaïdjan. Et bien sûr eux aussi sont un pétro-Etat!"

Q: Chaque année un nombre important de personnes en lien avec les énergies fossiles participent aux COP. Est-ce leur place?

R: "Je pense qu'il devrait y avoir un test pour savoir qui se qualifie pour être un délégué à la COP. Est-ce qu'ils viennent pour trouver une solution ou bloquer la solution?

Et s'ils viennent d'une entreprise des énergies fossiles, je pense qu'il y a un test simple et juste qui pourrait s'appliquer: est-ce qu'ils se sont engagés à sortir des fossiles? Disent-ils la vérité, mentent-ils ou ont-il l'habitude de mentir sur le changement climatique - comme le font malheureusement beaucoup d'entreprises du secteur pétrolier?

Pourquoi des représentants des plus gros pollueurs de la planète devraient-ils avoir plus de délégués que le pays le plus représenté ou que les dix pays les plus affectés dans le monde?

Je pense que c'est absurde et que tout le processus doit être réformé".

Q: Donald Trump risque de retirer les Etats-Unis de l'accord de Paris. Est-ce que cela risque de ralentir l'action climatique dans le monde?

R "S'il le fait, cela pourrait bien être la même chose que lorsqu'il était président la dernière fois: cela n'a presque eu aucun effet.

Le déploiement de l'énergie solaire, de l'éolien, des batteries et des véhicules électriques n'a pas ralenti du tout pendant les quatre ans durant lesquels il a été déjà été président, en partie parce que les marchés mènent cette révolution des énergies vertes et en partie aussi parce dans notre système, les Etats et les gouvernements locaux ont leur autonomie...

Ce ne serait pas une bonne chose mais je ne pense pas que ça ralentirait grandement la révolution en marche".

Q: Comment encourager les pays riches à contribuer financièrement à la lutte contre le changement climatique ailleurs dans le monde?

R: "C'est un défi politiquement et pas seulement aux Etats-Unis mais aussi en France et dans les pays européens, et plus généralement dans les pays développés.

Mais je crois depuis longtemps que la vraie solution sur la question financière est de reconnaître que 85% de l'argent qui a été utilisé jusqu'à présent pour la révolution verte provient du secteur privé.

Le problème est que cela va exclusivement aux pays riches, parce que les pays à bas revenus doivent payer des taux d'intérêt bien plus élevés. Ils n'ont en pratique pas d'accès aux financements privés.

C'est de là que les flux de financement les plus importants viendront probablement à l'avenir. Mais cela implique de lever les barrières qui bloquent l'accès à la finance privée dans le monde en développement. C'est un travail pour la Banque mondiale, le FMI et les autres banques multilatérales."

T.Abato--IM