A Londres, Greta Thunberg jugée pour trouble à l'ordre public
La militante écologiste Greta Thunberg comparaît jeudi devant un tribunal de Londres pour trouble à l'ordre public, après avoir perturbé en octobre la grand-messe de l'industrie des hydrocarbures dans la capitale britannique.
La Suédoise de 21 ans est arrivée sans faire de déclaration aux alentours de 09H15 à la Westminster Magistrates Court dans le centre de Londres, pour son procès qui doit durer deux jours.
Une poignée de militants écologistes étaient présents devant le tribunal pour soutenir la figure mondiale de la lutte contre le réchauffement climatique.
"Quand le monde que nous connaissons est attaqué, que faisons nous? Nous devons nous battre", ont-ils lancé, tenant une banderole jaune sur laquelle était écrit: "le combat climatique n'est pas un crime".
Greta Thunberg a plaidé non coupable d'infraction à l'ordre public lors d'une première audience en novembre, comme les quatre autres militants qui comparaissent avec elle jeudi.
Elle risque une amende maximale de 2.500 livres, soit près de 3.000 euros.
Au total, 26 militants ont été arrêtés pour avoir perturbé l'accès à l'Energy Intelligence Forum, une conférence qui réunissait les principales compagnies pétrolières et gazières dans un hôtel de luxe de la capitale britannique le 17 octobre 2023.
Ce jour-là, les militants avaient accueilli les participants par des "honte à vous", munis de pancartes "Stoppez Rosebank", ou "Rosebank va nous tuer", en référence à un champ pétrolier controversé en mer du Nord dont Londres a autorisé l'exploitation en septembre.
"Derrière ces portes closes (...) des politiciens sans carrure concluent des accords et des compromis avec les lobbyistes du secteur destructeur des combustibles fossiles", avait lancé Greta Thunberg à la presse, avant d'être embarquée dans un fourgon de police.
La jeune militante est poursuivie pour ne pas s'être pliée à l'injonction de la police londonienne de ne pas bloquer la rue où se déroulait ce rassemblement.
Libérée sous contrôle judiciaire, elle avait dès le lendemain pris part à une nouvelle manifestation devant l'hôtel cinq étoiles, avec des centaines d'autres personnes.
- "Messages contradictoires" -
Au Royaume-Uni, les revirements du gouvernement conservateur sur des mesures phares de la lutte contre l'urgence climatique ont suscité la colère des militants. Ils ont intenté plusieurs recours en justice et multiplié les actions ces derniers mois, à l'image du mouvement Just Stop Oil.
En retour, ils se sont attirés l'hostilité du gouvernement qui a durci la législation pour les punir plus sévèrement et les dissuader de passer à l'action.
Le Premier ministre Rishi Sunak martèle que le report de cinq ans de certaines de ces mesures, comme l'interdiction de la vente de voitures thermiques neuves et des chaudières au fioul, GPL ou charbon, n'empêchera pas le Royaume-Uni d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
En dépit des critiques, le gouvernement a aussi choisi d'accorder pléthore de nouveaux permis pour l'exploitation des gisements pétroliers et gaziers en mer du Nord, invoquant notamment la sécurité énergétique du Royaume-Uni dans le sillage de la guerre en Ukraine
Lundi, l'organisme indépendant chargé de conseiller le gouvernement sur sa stratégie climat a exhorté le Royaume-Uni à faire preuve "d'une ambition nationale encore plus forte", s'inquiétant que le pays véhicule des "messages contradictoires" qui ternissent son influence internationale sur le sujet.
Greta Thunberg, qui a acquis une notoriété mondiale avec ses "Grèves de l'école pour le climat" entamées à l'âge de 15 ans en Suède, prend régulièrement part à de telles manifestations.
En octobre, elle avait reçu une amende pour le blocage du port de Malmö en Suède, quelques mois après avoir été emmenée de force par des policiers lors d'une manifestation contre le recours au charbon en Allemagne.
Le week-end dernier, la militante s'est aussi jointe à une marche dans le sud de l'Angleterre pour protester contre l'agrandissement de l'aéroport de Farnborough, principalement utilisé par des jets privés.
A.Bruno--IM