Au salon du nucléaire à Paris, pleins feux sur les start-ups et la relance de l'atome
Ministres, start-ups et innovations... Le World Nuclear Exhibition (WNE), le grand salon du nucléaire qui se tient tous les deux ans près de Paris, ouvre ses portes mardi, porté par un retour en grâce de l'atome.
Le plus grand salon du genre au monde, selon ses organisateurs, attend sur trois jours 20.000 visiteurs et un record de 750 exposants, avec une attention inédite portée aux start-ups au moment où le secteur fait la course pour mettre au point des "petits réacteurs" (dits "SMR" ou "AMR").
La Russie, qui en 2021 avait un immense pavillon, sera en revanche la grande absente.
Rosatom, premier acteur nucléaire à l'international, certes continue de vendre de l'uranium enrichi à la France, ou aux Américains, et des centrales clé en main à d'autres.
Mais "compte-tenu du contexte géopolitique, personne n'aurait compris que les Russes soient présents comme d'habitude", explique à l'AFP Sylvie Bermann, la présidente de ce salon organisé par le Gifen, le syndicat professionnel de l'industrie nucléaire française.
"Bien sûr, la Russie reste un grand pays nucléaire, et il n'y a pas de sanctions sur le nucléaire. Mais c'est une chose d'avoir des contacts commerciaux, c'est autre chose de les avoir sur un salon", ajoute cette ambassadrice de carrière.
La Chine sera là. Le pays est aujourd'hui celui qui construit le plus de réacteurs à domicile (une vingtaine en cours), mêlant technologies russe, américaine, française...
Il aura un pavillon, tout comme la France, le plus grand. L'électricien EDF - détenu à 100% par l'Etat français - sera présent, avec nombre d'entreprises d'un secteur qui dans l'Hexagone fait vivre 200.000 personnes.
Un "village" réunira des start-ups, que le salon veut soutenir via des prix et du mentorat.
France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Russie, Canada... sont en effet lancés dans une course aux "petits réacteurs modulaires" (SMR) et de 4e génération désignés sous l'acronyme d'AMR (advanced modular reactors).
- Miss America en renfort -
Lundi soir, la France a annoncé un investissement de près de 100 millions d'euros en faveur de six projets innovants, qui s'ajoutent à trois autres dont le "Nuward" d'EDF.
Aujourd'hui à des niveaux de maturité variables, ces "objets" doivent permettre de "nouveaux usages" (décarbonation des sites industriels, des réseaux de chaleur...).
A horizon 2030-35, "l'objectif est de développer une filière française pour l'Europe, il y a un enjeu de souveraineté industrielle et de création de chaîne de valeur en Europe", dit à l'AFP Philippe Stohr, directeur des Energies au Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
Le salon de Villepinte sera aussi politique, avec la présence de ministres, canadien, tchèque, roumain... Douze ans après l'accident de Fukushima et le coup de frein qui s'ensuivit pour le nucléaire, plusieurs pays ont exprimé un intérêt nouveau pour l'atome et son électricité bas carbone comme les énergies éolienne et solaire.
"Pendant longtemps, le WNE a été un salon d'affaires, le salon de l'entre-soi des acteurs du nucléaire, qui ne voulaient pas faire parler d'eux, par peur des réactions d'activistes (les militants anti-nucléaires, NDLR)", souligne Mme Bermann.
Puis, "le nucléaire a commencé à rentrer en grâce, les opinions évoluent, et aujourd'hui le salon est l'occasion de communiquer".
Il sera ouvert par la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, les patrons de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi.
Un soutien plus inattendu viendra de Grace Stanke, Miss America 2023 et étudiante en ingénierie nucléaire, qui depuis son élection porte la cause atomique de salons en interviews.
R.Marconi--IM