Algérie: encore 11 foyers, la majorité des incendies éteints
Les pompiers poursuivaient mardi soir leurs efforts en Algérie pour venir à bout de 11 foyers d'incendies ayant ravagé le nord-est du pays, après être parvenus à maîtriser la majorité des feux qui ont fait au moins 34 morts en trois jours.
"La Protection civile a pu éteindre la majorité des incendies, soit 80%", avait assuré le ministère de l'Intérieur mardi matin.
Il reste 11 foyers dans sept wilayas (préfectures) du nord et de l'est, a indiqué dans l'après-midi la Protection civile.
Des images de médias locaux montrent des champs et des maquis en feu, des voitures calcinées et des magasins réduits en cendres. Des témoins ont décrit des langues de feu dévorantes se déclenchant soudainement "comme un chalumeau".
A Toudja, dans le nord-est du pays, où 16 personnes ont péri, l'incendie a été presque entièrement contenu, en dépit de quelques foyers persistants, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des avions anti-incendie ont largué de l'eau pendant deux jours sur cette zone boisée, située au bord de la Méditerranée dans la wilaya de Béjaïa.
Des moyens aériens de lutte anti-incendie et une amélioration des conditions météorologiques, avec une baisse des températures montées à 48 degrés lundi, ont contribué à l'extinction des feux.
- Sécheresses et canicules -
Chaque été, le nord et l'est de l'Algérie sont frappés par des feux de forêt, un phénomène qui s'accentue d'année en année sous l'effet du changement climatique, entraînant sécheresses et canicules.
En Tunisie voisine, près de Tabarka, dans le nord-ouest, plus de 300 habitants de Melloula ont dû être évacués à cause d'incendies lundi. Mardi, d'autres feux à Bizerte, Siliana, Beja et Semmama étaient en voie d'extinction, selon la Protection civile.
Ces trois derniers jours, 97 incendies ont touché plus de 15 préfectures en Algérie, surtout celles de Bouira, Jijel et Béjaïa, déjà victimes ces deux dernières années de feux qui avaient fait 130 morts.
Dix soldats sont morts après que leur détachement s'est retrouvé encerclé par les flammes lors de son évacuation de Beni Ksila, près de Béjaïa, en même temps que des habitants.
Les incendies ont fait plus de 80 blessés, dont 25 militaires, toujours dans la région de Béjaïa, selon Radio Soummam.
- Tornades de feu -
Plus de 1.500 personnes ont été mises à l'abri face aux tornades de feu se rapprochant de leurs maisons. Des stations balnéaires du littoral ont été détruites.
Un touriste français a raconté s'être réfugié sur un rocher avec sa famille, près de leur hôtel à Tighremet, à l'ouest de Bejaïa, avant d'être évacué par bateau par un riverain avec d'autres sinistrés.
Les villages touchés, dont beaucoup situés dans la région montagneuse de Kabylie, sont très boisés et soumis depuis des semaines à une intense canicule qui a asséché la végétation, rendue vulnérable au moindre départ de feu.
"Je n'ai plus où aller maintenant. Ma maison et celle de mon fils ont été complètement ravagées par les flammes", a témoigné une septuagénaire en pleurs, après la perte de sa belle-fille et sa petite-fille, à Ait Oussalah, près de Béjaïa.
Plus de 8.000 agents de la protection civile et 525 camions ont été mobilisés ainsi que des avions et des hélicoptères bombardiers d'eau.
Le procureur général de Béjaïa a ordonné l'ouverture d'enquêtes préliminaires pour déterminer les causes des incendies. Cinq arrestations ont été annoncées à Bouira et Skikda.
En août 2022, de gigantesques incendies avaient fait 37 morts dans la région d'El Tarf, dans le nord-est. L'été 2021 avait été le plus meurtrier depuis des décennies: plus de 90 personnes avaient péri dans le nord, en particulier en Kabylie.
Pour éviter de telles tragédies, les autorités avaient pourtant sonné la mobilisation au printemps, en se procurant des bombardiers d'eau dont six loués en Amérique du sud.
Elles avaient aussi aménagé des aires d'atterrissage d'hélicoptères dans 10 préfectures et mobilisé des drones pour la prévention des incendies.
"Au regard de toutes ces mesures, pourquoi n'a-t-on pas pu éviter la catastrophe?", s'interrogeait mardi le site d'information TSA, se demandant "ce qui empêche l'acquisition de Canadair, en nombre suffisant", pourquoi "les villages en lisière de forêt ne sont-ils pas suffisamment protégés", "qui est responsable de la déforestation" et quelles sont "les responsabilités des habitants et des autorités locales".
O.Esposito--IM