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Biden à Uvalde, pour apaiser la souffrance d'une ville traumatisée
Biden à Uvalde, pour apaiser la souffrance d'une ville traumatisée / Photo: MANDEL NGAN - AFP

Biden à Uvalde, pour apaiser la souffrance d'une ville traumatisée

Joe Biden est arrivé dimanche dans la ville texane d'Uvalde, cinq jours après la tuerie dans une école primaire, pour apporter toute son empathie aux proches endeuillés par cette fusillade qui a choqué l'Amérique et relancé le débat sur les armes à feu.

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"On ne peut pas rendre les drames illégaux, je le sais. Mais on peut rendre l'Amérique plus sûre", a plaidé samedi le président des Etats-Unis, regrettant que "dans tant d'endroits, tant d'innocents soient morts".

Dix-neuf enfants et deux enseignantes ont péri mardi dans l'école Robb d'Uvalde sous les balles de Salvador Ramos, 18 ans à peine, l'une des pires fusillades des dernières années dans le pays.

Le démocrate de 79 ans, qui a lui-même perdu deux de ses enfants -- sa fille encore bébé dans un accident de voiture, et un fils adulte suite à un cancer --, avait évoqué sa propre souffrance peu après la tuerie.

"Perdre un enfant, c'est comme si l'on vous arrachait une partie de votre âme", avait-il dit mardi. "Rien n'est plus jamais pareil."

- "Lobby des armes" -

A Uvalde, le couple Biden se rendra d'abord au mémorial érigé pour les victimes devant l'école primaire, avant de participer à une messe à la mi-journée.

Dans l'après-midi, ils rencontreront des familles de victimes et des survivants du massacre, puis des membres des équipes de secours.

Connu pour son empathie, Joe Biden saura sans doute trouver les mots face à la souffrance des proches.

Mais le chef de l'Etat peut difficilement promettre des actes à ceux qui réclament un encadrement plus strict des armes à feu.

La trop fine majorité parlementaire démocrate ne lui permet pas de faire passer seule une législation significative sur le sujet. Les élus de son camp ont besoin de convaincre quelques républicains pour obtenir la majorité qualifiée nécessaire.

La Maison Blanche, réticente à trop impliquer Joe Biden dans la bataille politique, a dit jeudi avoir "besoin de l'aide du Congrès", par la voix de sa porte-parole Karine Jean-Pierre.

Des négociations y ont lieu, et certains élus ont jugé possible, dimanche, la mise en place de lois plus restrictives. Le sénateur démocrate Dick Durbin a ainsi dit sentir "un état d'esprit différent" chez ses pairs.

Reste à voir si les républicains vont "faire preuve de courage politique", a-t-il ajouté sur la chaîne CNN.

- 'Tous mourir' -

La tuerie d'Uvalde et les visages enfantins de ses très jeunes victimes a replongé l'Amérique dans le cauchemar des fusillades en milieu scolaire.

Les habitants de cette petite ville attendaient dimanche leur président, une visite "importante", jugeait Frank Campos, 52 ans, qui vit dans la ville voisine de San Antonio.

"Mais dans combien d'écoles va-t-il encore se rendre? Il faut mettre un terme à tout cela", a-t-il dit, appelant à restreindre l'accès aux armes.

Illustration des divisions du pays, Luis Luera, 50 ans, pense lui qu'une telle législation ne changerait rien: "les criminels trouveront un moyen d'obtenir des armes".

Depuis le massacre, les premiers témoignages des élèves sortis vivants de l'école Robb ont donné un aperçu du cauchemar qu'ils ont vécu.

En entrant dans la salle, le tireur a dit aux enfants: "Vous allez tous mourir", avant d'ouvrir le feu, a raconté Samuel Salinas, 10 ans, à la chaîne ABC.

- polémique -

"Je crois qu'il me visait", a témoigné le jeune garçon, mais une chaise se trouvant entre lui et le tireur a bloqué la balle.

Dans la pièce au sol recouvert de sang, Samuel Salinas, pour ne pas être visé par les tirs, a essayé de "faire le mort".

Miah Cerrillo, 11 ans, a tenté d'échapper à l'attention de Salvador Ramos de la même façon. La fillette s'est couverte du sang d'un camarade, dont le cadavre se trouvait à côté d'elle, a-t-elle expliqué à CNN.

Elle venait de voir l'adolescent abattre son institutrice, après lui avoir dit "bonne nuit".

Il avait fallu attendre environ une heure, mardi, pour que la police mette fin au massacre. Les 19 agents sur place attendaient l'assaut d'une unité spécialisée.

Un délai d'intervention qui a provoqué une forte polémique, et un mea culpa des autorités texanes.

La police a pourtant reçu de nombreux appels de personnes se trouvant dans les deux salles de classe touchées, dont celui d'une enfant implorant: "S'il vous plaît, envoyez la police maintenant".

R.Abate--IM