"L'ordre doit prévaloir", affirme Biden face aux mobilisations pour Gaza dans les universités
Le président Joe Biden est sorti de son quasi silence jeudi sur la mobilisation contre l'offensive israélienne dans la bande de Gaza qui secoue depuis deux semaines les universités américaines, pour prôner le respect de l'ordre.
Quelques heures auparavant, la police a démantelé manu militari un campement érigé à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA) par des étudiants et interpellé des dizaines d'entre eux.
A six mois des élections, dans des Etats-Unis polarisés, le président démocrate s'est engagé sur cette question susceptible de plomber sa campagne pour affirmer que "l'ordre devait prévaloir".
Dans la matinée, son adversaire et prédécesseur républicain Donald Trump l'avait accusé d'inaction face au moment pro-Palestiniens. "Ce sont des tarés de la gauche radicale et il faut les arrêter maintenant parce que ça va durer et empirer", a-t-il lancé à son arrivée au tribunal de New York où il est jugé dans un procès inédit pour un ex-président américain.
Depuis 15 jours, une vague de mobilisation pour les Palestiniens de Gaza déferle sur les campus américains, de la Californie aux grandes universités du nord-est, évoquant les manifestations contre la guerre du Vietnam.
La police est intervenue à plusieurs reprises ces derniers jours pour déloger les protestataires.
A UCLA, des dizaines de manifestants ont été interpellés un par un, menottés puis conduits à l'extérieur à l'issue d'un face à face tendu avec les policiers, selon un journaliste de l'AFP.
Pendant plusieurs heures, des centaines de membres des forces de l'ordre en tenue anti-émeute ont fait face aux étudiants portant des parapluies ou des casques blancs et formant une ligne, accrochés les uns les autres par les bras.
- Personnes extérieures au campus -
La nuit précédente, des affrontements avaient éclaté sur ce campus quand des contre-manifestants, pour beaucoup masqués, avaient attaqué le campement pro-palestinien et tenté d'enfoncer une barricade.
Manifestants et contre-manifestants s'étaient ensuite affrontés à coups de bâtons et s'étaient envoyé des projectiles.
Graeme Blair, professeur de sciences politiques à l'UCLA, regrette jeudi une crise "ô combien inutile".
"L'université et les autorités avaient l'occasion d'une désescalade. Ils ont envoyé la police très tardivement contre les extrémistes la nuit dernière (lors de l'attaque des contre-manifestants, NDLR) et maintenant ils s'en prennent aux étudiants participant à une manifestation pacifique", confie-t-il à l'AFP.
Le président de l'UCLA Gene D. Block avait mis en garde avant ces violences contre la présence de personnes extérieures au campus.
Les incidents survenus "ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur", a-t-il ajouté.
A l'université du Texas à Dallas (sud), la police a évacué mercredi un campement de manifestants et, selon cet établissement, arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle".
- Appels au "désinvestissement" -
Les forces de l'ordre avaient appréhendé le même jour plusieurs personnes à la Fordham University de New York et démantelé un campement, selon des responsables.
Toujours mercredi, environ 300 personnes ont été interpellées à New York sur deux sites universitaires, selon la police.
Dans la nuit de mardi à mercredi, les policiers avaient déjà chassé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans la prestigieuse université Columbia à Manhattan, épicentre de la mobilisation estudiantine.
Une mobilisation qui dépasse les frontières des Etats-Unis avec des rassemblements pro-Palestiniens en France, en particulier sur des sites de la prestigieuse école Sciences Po, et à l'université McGill au Canada.
Les étudiants américains appellent les universités à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël et dénoncent l'appui quasi inconditionnel des Etats-Unis à son allié israélien.
A rebours d'autres institutions, l'université Brown (Rhode Island, est) s'est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel "désinvestissement" de "+sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+".
Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus ont fait le tour de la planète et suscité une vive réaction en Israël.
Son président Isaac Herzog a dénoncé une "terrifiante résurgence de l'antisémitisme" dans le monde, et notamment aux Etats-Unis, où "des universités réputées" sont "contaminées par la haine".
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T.Zangari--IM