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Aux Philippines, des bidonvilles surchauffés remplacent l'école
Aux Philippines, des bidonvilles surchauffés remplacent l'école / Photo: Ted ALJIBE - AFP

Aux Philippines, des bidonvilles surchauffés remplacent l'école

Ella Araza, 10 ans, est assise sur une minuscule boîte en plastique dans son bidonville de Manille, essayant de terminer ses devoirs avant que le soleil de l'après-midi ne fasse grimper les températures à des niveaux insupportables.

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Les Philippines ont fermé plus de 47.000 écoles dans tout le pays à partir de lundi, alors que la température à Manille a atteint un niveau record de 38,8 degrés Celsius au cours du week-end.

Plus de 7.000 écoles étaient encore fermées jeudi, dont l'école élémentaire d'Ella, dans la capitale.

De nombreuses écoles de ce pays tropical n'ont pas d'air climatisé et les élèves doivent transpirer dans des salles de classe mal ventilées, mais les conditions à Baseco, le tristement célèbre bidonville des docks de Manille, sont encore plus désespérées.

"La chaleur la rend paresseuse. Parfois, elle ne fait pas ses devoirs en ligne", explique à l'AFP Cindella Manabat, 29 ans, la mère d'Ella, depuis ce bidonville qui abrite 65.000 habitants sur un demi-kilomètre carré.

Dans leur minuscule logement d'une pièce, Ella regarde le téléphone portable de sa mère pour déchiffrer la leçon du jour, que son professeur met en ligne.

L'appartement, qui n'a pas d'eau courante, doit rester sombre car le jeune frère d'Ella, Prince, souffre de paralysie cérébrale et pourrait être victime d'une crise d'épilepsie.

Quelques portes plus loin, Jalian Mangampo, élève de sixième, et son jeune frère Sherwin sont allongés sur le lit simple qu'ils partagent et tentent de terminer leur travail scolaire sur leur téléphone portable.

- Encore deux semaines de chaleur extrême -

Les leçons en ligne ne sont pas bon marché: les frères et sœurs doivent déposer cinq pesos (neuf centimes de dollar américain) dans le distributeur automatique wifi d'un voisin pour obtenir trois heures d'accès à internet.

Leur mère veuve, la commerçante Richel Mangampo, 43 ans, a contracté un prêt à taux élevé pour leur acheter un téléphone portable 8.500 pesos (148 dollars). Un étranger avait auparavant offert un autre téléphone aux frères et sœurs.

"La chaleur est terrible parce que le plafond est très bas", a déclaré la mère, en montrant le toit en tôle ondulée qu'elle a partiellement recouvert d'un morceau de contreplaqué pour isoler de la chaleur. "Nous devons sortir de temps en temps pour pouvoir respirer".

Mais elle ne permet pas à ses enfants de rester dehors trop longtemps, car le soleil brûlant n'est pas le seul danger à Baseco: "Des jeunes armés de tessons de bouteille s'affrontent après s'être défoncés en sniffant de la colle", dit-elle.

Le service météorologique de l'Etat a prévenu que la chaleur extrême persisterait pendant les deux prochaines semaines au moins, ce qui signifie que les élèves pourraient être bloqués à la maison jusqu'à la fin de l'année scolaire, le 31 mai.

- Eruption cutanée –

Mme Mangampo explique qu'elle fait prendre à ses enfants deux bains par jour, l'un le matin et l'autre avant le coucher, "il fait tellement chaud qu'ils ont du mal à s'endormir".

Mme Manabat dit que sa fille Ella se plaint souvent parce que la famille n'a qu'un seul ventilateur électrique qui doit être partagé la nuit.

La mère et ses trois enfants, dont un bébé d'un an, dorment sur le lit tandis que son petit ami, un décorateur d'intérieur, dort en caleçon sur le sol. La porte d'entrée reste ouverte pour la ventilation.

"Elle (la fille) a parfois des boutons de chaleur", affirme la mère, ajoutant que l'irritation déconcentrait Ella dans son travail scolaire.

Mais Mme Mangampo, dont les enfants ont également des éruptions cutanées, évite de les emmener chez le médecin car cela coûte trop cher.

"Nous nous baignons à la mer le dimanche. Les furoncles disparaissent en un rien de temps", dit-elle en faisant référence à la baie de Manille toute proche, déclarée "zone interdite à la baignade" par le gouvernement il y a quelques années en raison d'une pollution extrême.

E.Mancini--IM