Après des pluies battantes, le Pas-de-Calais n'en finit plus de prendre l'eau
Ballotté depuis mardi entre les pluies torrentielles et le va-et-vient des inondations, le Pas-de-Calais connaît vendredi soir un début d'accalmie du côté des pluies, mais les crues persistent, après une semaine qui a fait des milliers de sinistrés.
Les précipitations plus importantes que prévues dans l'après-midi ont gonflé l'Aa, la Liane et la Canche, maintenues en vigilance rouge aux crues par l'organisme de surveillance Vigicrues.
"On en est à 10.000 sinistrés, et dans certaines maisons, l'eau stagne depuis 10 jours, imprégnant les murs", indique à l'AFP le sénateur et vice-président du conseil régional Franck Dhersin, qui dit s'attendre à de nouveaux records de crues durant la nuit à venir.
"La population est fatiguée, elle n'en peut plus, elle se demande quand ça va s'arrêter et nous aussi", soupire Bruno Debove, conseiller municipal d'Hesdigneul-lès-Boulogne, commune qui s'est retrouvée à plusieurs reprises isolée par les eaux.
Les yeux rougis par la fatigue, il s'inquiète pour "les gens qui sont sinistrés, la crise et l'après-crise, qui va être très compliquée".
Il est repassé en jaune à 19H00 pour les pluies et inondations, à la faveur d'une "nette accalmie", selon Météo-France.
Mais le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a fait part de ses "inquiétudes" sur un nouvel épisode pluvieux en début de semaine prochaine.
- Quatre blessés légers -
Un total de "247 communes sont toujours concernées par les inondations", en particulier autour de Saint-Omer, Boulogne, et Montreuil, a souligné la préfecture du Pas-de-Calais dans son bulletin de 21H30.
Le bilan est de quatre blessés légers depuis lundi dans la zone concernée, où près de 350 pompiers se relaient pour assurer une permanence. Ils ont effectué 1.531 interventions depuis le 2 novembre.
L'eau a envahi des étables, pris au piège des véhicules, et obligé nombre d'habitants à quitter leurs domiciles vendredi, y compris les 19 résidents d'une maison de retraite à Nielles-lès-Bléquin évacués par précaution.
A Affringues près de Saint-Omer, 75 tonnes de truites d'une pisciculture ont été emportées par les eaux, a indiqué vendredi Philippe Jorgensen, un responsable de cette entreprise, confirmant une information de la Voix du Nord.
Des pompes de très grande capacité, capables de vider chacune une piscine olympique en 15 minutes, ont été déployées dans le Nord et le Pas-de-Calais.
"Depuis les deux grosses averses, c'est remonté de cinq centimètres", se désespère Thomas Yoann, dont le garage de Longfossé est inondé. "J'ai fait tout ce que je pouvais (...) j'ai appelé les pompiers, ils m'ont prêté une grosse pompe, mais ça continue de monter, et là c'est catastrophique."
- Axes routiers coupés -
A Hesdigneul-lès-Boulogne, non loin de là, des habitants circulent en pantalon-bottes de pêcheurs, dans l'eau brunâtre jusqu'au genou.
"Ça fait une semaine qu'on est comme ça et je n'en peux plus", raconte Corentin Thelier, 27 ans.
A Saint-Omer, la Croix-Rouge a ouvert en urgence un centre d'hébergement dans un gymnase avec une capacité d'une centaine de lits.
L'interruption du trafic ferroviaire sur deux tronçons (Boulogne-Etaples et Saint-Pol-Etaples) a été prolongée jusqu'à mardi "dans la matinée", a indiqué la SNCF sur X (ex-Twitter). Près d'une centaine d'axes routiers sont par ailleurs coupés.
La protection civile du Pas-de-Calais a lancé un appel aux dons et mis en place un numéro (03 74 20 03 07) "pour mettre en lien" les sinistrés ayant besoin d'aide pour le déblayage de leur maison avec ceux prêts à les aider.
Plus de 50 communes ont déposé un dossier pour être reconnues en catastrophe naturelle, une décision est attendue mardi.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
Les inondations sont des catastrophes particulièrement coûteuses: entre 1970 et 2019, elles ont représenté 44% de toutes les catastrophes et 31% des pertes économiques.
A.Bruno--IM