Le bac se poursuit avec l'épreuve de philo, qui a perdu une partie de son enjeu
C'était traditionnellement l'épreuve qui ouvrait le bal, mais elle a perdu une partie de son enjeu avec la réforme du bac: plus de 530.000 lycéens passent mercredi matin la philo, déjà assurés pour nombre d'entre eux d'avoir leur diplôme.
"L'ambiance est globalement détendue pour tous mes amis, car tout le monde a fait ses calculs et il n'y a pas d'enjeu avec cette épreuve de philo. On a même calculé que cette note ne fera varier la moyenne que d'un point seulement", témoigne Jules, 18 ans, en Terminale dans un lycée du centre de Paris.
Les lycéens de Terminale des voies générale et technologique (390.710 pour le bac général et 145.371 pour le bac technologique) plancheront dès 08H00 sur un des trois sujets (deux dissertations et un commentaire de texte) prévus dans le cadre du nouveau bac mis en place en 2019.
Les épreuves terminales de ce bac nouvelle formule --entré pour la première fois pleinement en œuvre cette année-- ont démarré dès mars avec les spécialités. Ces deux matières majeures, choisies par chaque lycéen en Terminale, comptent à elles deux pour un tiers des résultats de l'examen.
Les notes de ces épreuves ont été annoncées en avril. Ce qui a incité les élèves à calculer leur moyenne et comprendre qu'ils n'auront pas forcément besoin de briller lors des dernières épreuves. Certains ont même déserté les salles de classe ces dernières semaines.
La note du bac repose à 40% sur du contrôle continu et à 60% sur des épreuves dites terminales (le français écrit et oral, passé en classe de Première, les épreuves de spécialité, la philosophie et le grand oral, passés en Terminale).
La philosophie, elle, ne compte que coefficient huit pour les candidats au bac général, et quatre pour les candidats au bac technologique (sur un total de 100).
"On a le sentiment que cette épreuve est devenue une sorte de folklore, sans enjeux, puisque dès la mi-avril, les élèves connaissaient une très grande partie de leurs notes finales", déplore Marie Perret, présidente de l'Association des professeurs de philosophie de l'enseignement public (Appep).
- Ils ont tourné la page -
"On a parfois constaté dans les classes un absentéisme massif, ou une très forte démobilisation", ajoute cette prof de philo de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).
Pour elle, "le climat a totalement changé par rapport aux années précédentes". Auparavant, "les élèves me demandaient des conseils de révision la dernière semaine. Là, pas du tout".
"Les bons élèves, qui savaient déjà qu'ils avaient leur bac, ont pris la préparation de l'épreuve de philosophie avec une certaine légèreté" et "les élèves en difficulté ont été découragés", abonde Jaumelina, professeure de philosophie dans un lycée de l'est parisien, qui ne souhaite pas donner son patronyme. Mais "un certain nombre d'élèves sont restés motivés", tempère-t-elle.
Frédéric Ferro, enseignant dans un lycée de Seine-et-Marne, indique que ses élèves "ont continué à se soucier de l'épreuve de philo": "forte déconcentration juste après les épreuves de mars, mais ils s'y sont remis vers la fin", détaille-t-il.
Après la philo, les lycéens de la voie générale et technologique passeront le grand oral, entre le 19 et le 30 juin (coefficient 10 en voie générale).
Les résultats du bac, qui reste le sésame nécessaire pour entamer des études supérieures, seront publiés le 4 juillet. Mais beaucoup de lycéens connaissent déjà leur orientation pour l'an prochain, car Parcoursup donne ses réponses aux futurs étudiants depuis le 1er juin.
Déjà acceptée dans une école de commerce, Alice, 18 ans, reconnaît que "le fait qu'elle soit prise dans une école lui enlève encore plus la pression" pour le bac, qu'elle aura "même avec zéro en philo", selon ses calculs.
Pour Marie Perret, avec les premiers résultats de Parcoursup, "certains élèves se projettent déjà dans leur vie d'étudiants". "La plupart ont tourné la page", estime-t-elle. "Leurs années de lycée sont déjà derrière eux".
E.Mancini--IM