Ehpad: la patronne de Korian défend le modèle privé et en appelle à l'Etat
La patronne du groupe de maisons de retraite Korian, Sophie Boissard, a défendu lundi les Ehpad privés, en demandant à l'Etat un effort financier et une définition des normes de contrôle des établissements, dans une interview aux Echos.
"Notre système ne peut pas faire sans les Ehpad privés", a déclaré la directrice générale de Korian, dont le titre a dévissé en Bourse la semaine dernière dans la foulée de celui d'Orpea, mis en cause dans un livre.
"Il serait calamiteux qu'à la suite de la publication du livre de Victor Castanet ("Les Fossoyeurs", ndlr), on jette le bébé avec l'eau du bain", a dit Me Boissard, pour qui l'ouvrage "vise le système d'une entreprise en particulier", qu'on ne peut extrapoler à toutes les autres.
Elle a estimé que le secteur souffre d'un manque de financement public, avec dans le cas de Korian une dotation moyenne pour les soins et la dépendance de 60 euros par patient et par jour. C'est "effectivement insuffisant au regard des besoins de la grande dépendance" pour Me Boissard, qui met en regard pour les Pays-Bas une dotation de 200 euros.
"Tout le secteur pâtit de l'absence d'un système de normes de qualité opposables et contrôlées", a remarqué par ailleurs la patronne de Korian, en jugeant que "les pouvoirs publics doivent définir ces normes".
Un référentiel qualité serait "quasi-finalisé" par la Haute autorité de santé, a-t-elle poursuivi, en faisant état de deux freins à sa sortie, concernant les établissement publics et associatifs d'une part, et ceux en charge du handicap d'autre part.
La directrice générale de Korian a aussi demandé "solennellement" à Élise Lucet, présentatrice de "Cash Investigation", la communication "dans l'intérêt des familles et des résidents" des révélations promises dans une enquête en cours du magazine sur les Ehpad privés.
La rédaction en chef de "Cash Investigation" a proposé une interview à la direction de Korian pour évoquer ces questions, mais refusé la demande du groupe qu'elle se tienne "en direct et en plateau".
L.Sabbadin--IM