

Wall Street à la peine avant l'offensive douanière de Trump
La Bourse de New York reculait lundi, en apnée avant la mise en œuvre de nouvelles hausses de droits de douane cette semaine aux Etats-Unis, dont les surtaxes dites "réciproques" que Donald Trump a promis d'imposer à "tous les pays".
Vers 15H00 GMT, le Dow Jones lâchait 0,36%, l'indice Nasdaq 1,98% et l'indice élargi S&P 500 0,97%. Quelques minutes plus tôt, ce dernier avait atteint son plus bas depuis septembre.
"En ce moment, les investisseurs essaient vraiment de se débattre avec ce qui va se passer concernant les droits de douane et les messages du président au cours du weekend n'apportent pas beaucoup de clarté", relève auprès de l'AFP Steve Sosnick, d'Interactive Brokers.
Après l'acier et l'aluminium et avant l'automobile, le président américain Donald Trump compte passer à la vitesse supérieure mercredi, en annonçant ses droits de douane dits "réciproques", qui vont changer les règles du jeu du commerce mondial.
Le 2 avril, qu'il surnomme "jour de la libération", M. Trump compte ériger de nouvelles barrières douanières qui devraient dépendre des taxes que les pays concernés imposent sur les produits américains, mais aussi d'autres facteurs.
Le président américain entretient le flou à deux jours de l'échéance, notamment sur le nombre de pays concernés.
"On commencerait par tous les pays, on verra bien", a déclaré M. Trump dimanche à des journalistes à bord de l'avion Air Force One, écartant l'hypothèse que ces droits de douane ne touchent qu'un petit nombre de partenaires commerciaux de Washington.
Car le président américain en est persuadé, le monde entier, en particulier les alliés des Etats-Unis, "profitent" de son pays.
"Les droits de douane seront (...) plus doux que ceux que ces pays ont appliqués aux Etats-Unis d'Amérique au fil des décennies", a-t-il toutefois ajouté.
"Si les marchés essaient toujours d'évaluer les événements futurs", cette fois "ils ne savent pas ce que l'avenir leur réservera" concernant la politique commerciale américaine, souligne Steve Sosnick. Or, les investisseurs "n'aiment pas l'incertitude", ajoute l'analyste.
En conséquence, l'indice VIX - dit "indice de la peur" - qui mesure la nervosité des investisseurs, bondissait de plus de 10%.
L'ampleur de la riposte des pays visés reste aussi inconnue. Pékin et Ottawa ont commencé à répondre aux droits de douane les visant, l'Union européenne promet de faire de même.
Sur le marché obligataire vers 14H55 GMT, le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans se détendait à 4,21% contre 4,25% vendredi à la clôture.
Par ailleurs, lundi marque la fin du mois et du trimestre, ce qui peut ajouter aux fluctuations, les opérateurs de portefeuille procédant à des ajustements de leurs positions, d'après M. Sosnick.
Au tableau des valeurs, le laboratoire pharmaceutique Moderna lâchait plus de 11%, après la démission du principal responsable vaccinal de l'Agence américaine du médicament (FDA) en raison de son opposition au ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr, notoirement sceptique sur l'efficacité des vaccins.
La compagnie aérienne United Airlines cédait 7,30%, suite à des informations selon lesquelles les Canadiens réduisent leurs voyages aux États-Unis en raison des droits de douane. Ses concurrents Delta (-5,42%) et American Airlines (-4,48%) étaient aussi à la peine.
La start-up américaine CoreWeave, qui a fait vendredi son entrée en Bourse avec une valorisation de près de 19 milliards de dollars, abandonnait plus de 80%. Elle entraînait dans son sillage le géant du secteur des semi-conducteurs Nvidia (-4,51%), son partenaire commercial.
Le pionnier des véhicules électriques Tesla reculait de plus de 5%, après que la banque d'investissement Stifel a abaissé son objectif de prix, soulignant le lancement plus lent que prévu du nouveau modèle du constructeur et les craintes sur les ventes face au mouvement de protestation contre le patron de la marque et proche allié de Trump, Elon Musk.
T.Abato--IM