

A Taïwan, les larmes de la diaspora birmane après le séisme meurtrier
Les yeux rivés sur les images des destructions causées par un séisme de magnitude 7,7 ayant frappé vendredi la Birmanie, Yang Bi-ying pleure sa famille restée au pays.
La septuagénaire, qui habite à Taïwan depuis des décennies, a une belle-fille habitant la ville birmane de Mandalay, l'épicentre du tremblement de terre.
Les secousses ont tué au moins 1.700 personnes, mais le bilan pourrait être beaucoup plus lourd dans un pays aux infrastructures et au système de santé meurtris par la guerre civile.
Tous les proches de Mme Yang sont en sécurité malgré les répliques.
"Je ne pouvais que pleurer. Il n'y avait rien d'autre, seulement des larmes", explique la grand-mère à l'AFP dans un quartier de Taipei connu pour son importante communauté sino-birmane.
"Toutes les familles sont inquiètes, en particulier pour ceux qui sont ensevelis sous les décombres", ajoute-t-elle.
Mme Yang n'est pas la seule à s'inquiéter dans ce quartier du sud de Taipei.
"Beaucoup de bâtiments se sont effondrés autour de la maison de ma famille, il y a beaucoup de morts", explique Yeh Mei-chin, gérant d'un restaurant, montrant à l'AFP une vidéo du désastre.
Vendredi, M. Yeh a mis des heures avant de pouvoir contacter sa mère et ses sœurs restées à Mandalay.
En sécurité, sa famille craint toujours de rentrer à la maison.
"Je leur ai demandé où elles allaient passer la nuit, elles m'ont dit qu'elles cherchaient mais n'avaient pas encore trouvé d'endroit", poursuit-il.
A Taïwan, tous utilisent des réseaux sociaux comme Line ou WeChat pour contacter leurs proches en Birmanie et suivre l'évolution de la situation.
Mais le réseau internet reste instable.
"Si on a de la chance, on peut arriver à se connecter quelques fois en une journée", raconte à l'AFP Lee Pei, 66 ans, président de l'Association des Chinois de Birmanie d'outre-mer.
"En général, on peut seulement laisser des messages vocaux puisque les appels ne passent pas. Et si on y arrive, le signal est mauvais après seulement quelques mots".
- "Toujours pas connectés" -
La présence d'une communauté birmane à Taïwan remonte à la fin de la guerre civile en 1949, lorsque de nombreux soldats du Parti nationaliste chinois défaits par l'armée communiste ont fui en Birmanie.
Beaucoup d'entre eux se sont rendus à Taïwan pendant les décennies suivantes, fuyant les discriminations et la violence en Birmanie.
La communauté sino-birmane à Taïwan rassemblerait 160.000 personnes, dont environ 10% sont originaires de Mandalay, selon M. Pei.
Aung Kyaw Zaw, étudiant à l'université, raconte avoir vu sur Facebook des commentaires rapportant une "odeur nauséabonde... comme celle de cadavres en décomposition" près de l'épicentre du séisme.
Le jeune homme de 24 ans a déclaré avoir échangé des messages avec certains amis dans les zones touchées par le séisme, mais "certains d'entre eux ne se sont toujours pas connectés".
D'autres s'inquiètent par ailleurs du sort réservé aux nombreux dons envoyés en Birmanie.
La junte militaire, au pouvoir depuis le coup d'Etat de 2021, "ne fait pas grand-chose pour aider les gens", affirme Yi Chint, 24 ans.
"Je pense que très peu de ces dons arriveront réellement aux gens" dans le besoin, ajoute-t-il.
L.Bernardi--IM