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Trump insiste pour "récupérer" le montant de l'aide à l'Ukraine
Donald Trump a déclaré samedi qu'il souhaitait "récupérer" le montant de l'aide fournie à l'Ukraine depuis le début il y a trois ans de la guerre contre la Russie mais Volodymyr Zelensky n'est toujours "pas prêt" à lui offrir un accès préférentiel aux minerais stratégiques que recèle son pays.
"On demande des terres rares et du pétrole, n'importe quoi qu'on puisse obtenir", a lancé au grand rassemblement annuel des conservateurs, près de Washington, le président américain, en pleine dégradation de ses relations avec son homologue ukrainien.
"Ils veulent nous soutirer 500 milliards" de dollars, a de son côté accusé, le même jour, auprès de l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, assurant que l'Ukraine avait proposé "des modifications et de manière constructive" au projet d'accord sur les minerais.
M. Zelensky comprend que la signature d'un tel document est "cruciale", a quant à lui simplement commenté l'émissaire américain Keith Kellogg, qui vient de se rendre à Kiev.
Depuis l'entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont dit vouloir repartir sur de nouvelles bases et le locataire de la Maison Blanche a complètement renversé la position des Etats-Unis à propos du conflit en Ukraine, reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité des autorités ukrainiennes et qualifiant même Volodymyr Zelensky de "dictateur".
La Russie a affirmé en déclenchant son invasion le 24 février 2022 se protéger contre la menace de l'Otan et éviter un élargissement de cette organisation.
- Projet de résolution -
Tandis que l'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'offensive russe en Ukraine, Washington a proposé un projet de résolution qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de ce pays, après une nouvelle charge de M. Trump contre M. Zelensky.
"Une bonne idée", a réagi l'ambassadeur de Russie aux Nations unies Vassili Nebenzia.
Ce texte vu par l'AFP, qui ne comporte que 65 mots, comporte un appel à "une fin rapide du conflit" et à "une paix durable", une formulation vague et laconique, très éloignée des précédentes résolutions de l'Assemblée qui soutenaient clairement l'Ukraine.
Le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, a exhorté les Etats membres de l'ONU à voter cette nouvelle résolution "historique" afin de "tracer un chemin vers la paix", cependant que Donald Trump a jugé que l'Ukraine n'avait "aucune carte en main" et que la présence de Volodymyr Zelensky à des négociations avec la Russie n'était "pas importante".
Quant aux Européens, bien que désarçonnés par le soudain dialogue américano-russe sur l'Ukraine, ils entendent bien s'y opposer.
Dans ce contexte, M. Zelensky a salué samedi soir le Royaume-Uni pour son "leadership", à la suite de la promesse de "soutien indéfectible" à son pays que lui a faite au téléphone le chef du gouvernement britannique Keir Starmer.
"Nous avons coordonné nos positions et notre diplomatie", a-t-il noté.
M. Starmer et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avaient dans la journée insisté sur la "nécessité de garantir une paix juste et durable", pendant que plusieurs milliers de personnes défilaient à Londres en soutien aux Ukrainiens, certaines brandissant des pancartes "L'Ukraine défend la paix pour toute l'Europe".
"On ne peut pas imposer la paix de l'Ukraine", a pour sa part martelé le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, deux jours avant une visite à Kiev, rejetant "la loi du plus fort" et "la loi du Far-West".
Friedrich Merz, le chef de file de l'opposition conservatrice allemande et favori des législatives de dimanche, a quant à lui estimé que l'Europe devait être "assise à la table principale" et "défendre" ses intérêt vis-à-vis de la Russie et de la Chine, "y compris si nécessaire en s'opposant aux Etats-Unis".
- Des "garanties de sécurité" -
"C'est dans l'intérêt du Royaume-Uni et des Etats-Unis de soutenir l'Ukraine avec des garanties de sécurité", a à cet égard écrit le chef du gouvernement britannique dans une tribune.
"La sécurité des Français et des Européens, c'est important". La Russie est "surarmée" et "continue de se surarmer", va de son côté dire à M. Trump le chef de l'Etat français, qui entend bien "accélérer encore notre réarmement et renforcer plus vite nos capacités", a expliqué son ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
La plupart des pays européens s'inquiètent en effet du revirement américain, craignant que Donald Trump ne mette fin à la guerre à des conditions favorables à Moscou sans fournir de garanties de sécurité à Kiev et à l'Europe.
L'Ukraine et les Européens ont d'ailleurs préparé un projet de résolution à l'ONU qui insiste sur la nécessité de "redoubler" d'efforts diplomatiques pour que le conflit se termine "cette année" et réitère les précédentes demandes de l'Assemblée générale d'un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes.
Donald Trump a par ailleurs rencontré son homologue polonais Andrzej Duda à Washington. "Ils ont réaffirmé notre alliance étroite", a tweeté samedi la Maison Blanche, précisant que M. Trump avait salué "l'engagement de la Pologne à une augmentation des dépenses de défense".
La veille, le président conservateur polonais avait indiqué avoir suggéré à Volodymyr Zelensky de coopérer avec la nouvelle administration américaine pour mettre fin à la guerre avec la Russie.
Sur le terrain, la situation reste difficile pour l'Ukraine.
Une attaque russe à l'aide de trois bombes guidées à Kostiantynivka, un important bastion ukrainien dans l'est, a fait samedi un mort, une femme, dans un immeuble d'habitation, selon les autorités.
P.Conti--IM