Bruno Le Maire appelle les entreprises qui le peuvent à augmenter les salaires, les patrons prudents
Face à une inflation qui s'accélère, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a appelé lundi les entreprises qui le peuvent à augmenter les salaires, au début d'une réunion à Bercy avec les organisations patronales, défavorables à toute hausse généralisée.
"Je pense que c'est bien que les salaires puissent augmenter dans les entreprises qui en ont la possibilité", a déclaré le ministre, ajoutant qu'"il faut nos compatriotes se disent, +ça me rapporte de travailler+, et pas +ça me coûte cher+" à cause du prix de l'essence.
"Le retour de l'inflation est une source de préoccupation et d'inquiétude, d'angoisse pour des millions de compatriotes", a expliqué Bruno Le Maire, alors que la hausse des prix à la consommation a atteint 4,8% sur un an en avril.
S'adressant aux patrons, il a souhaité "que tous ensemble nous puissions apporter des réponses à cela", tout en rejetant "des augmentations générales, partout, décidées par l'administration" car "ce n'est pas comme ça que ça marche et ce n'est pas cela qui serait efficace".
Même son de cloche pour le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) François Asselin qui déclarait lundi matin sur franceinfo qu'il n'y aurait "pas de hausse de salaire uniforme (...). Vous aurez autant de situations que d'entreprises différentes".
– Partage équitable –
"La réponse à l'inflation doit être équitablement partagée, ça ne peut reposer uniquement sur l'État", a souligné le ministre de l'Économie, renouvelé vendredi dans ses fonctions au sein du gouvernement formé par Élisabeth Borne.
Il a rappelé les mesures déjà prises pour protéger le pouvoir d'achat des ménages, comme le bouclier énergétique, ainsi que les engagements du président Emmanuel Macron qui feront l'objet d'un projet de loi présenté en Conseil des ministres avant les élections législatives des 12 et 19 juin.
Les représentants patronaux font valoir eux aussi les efforts qu'ils ont déjà consentis.
Face aux tensions de recrutement, "beaucoup d'entreprises ont fait des augmentations individuelles" de salaires, a assuré M. Asselin, afin de "garder leurs effectifs et leurs compétences".
En outre, "environ 50% des TPE/PME ont versé à leurs salariés la prime +Macron+" créée fin 2018, défiscalisée et dont le montant maximal devrait tripler au cours du quinquennat, selon une promesse de campagne du président Macron.
– Impôts de production –
Pour inciter davantage d'entreprises à franchir le pas, François Asselin suggère d'ailleurs au gouvernement de les autoriser à verser la prime en plusieurs traites, de façon à contourner d'éventuelles difficultés passagères de trésorerie.
"Les entreprises de taille intermédiaire ont fait des efforts importants", a déclaré de son côté le coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI) Frédéric Coirier.
"Les salaires ont augmenté de plus de 3% dans les dernières négociations annuelles obligatoires et (...) l'intéressement et la participation vont certainement beaucoup augmenter aussi, puisque les résultats 2021 sont plutôt bons", anticipe-t-il.
Pour redonner du pouvoir d'achat aux salariés, M. Coirier mise sur la baisse annoncée des impôts de production.
"Il faut revenir à la moyenne (européenne), pour restaurer les marges de nos entreprises. À partir du moment où elles ont des marges, elles investissent, elles créent de l'emploi et elles peuvent augmenter les rémunérations des salariés", développe-t-il.
Un retour à la moyenne continentale qui équivaudrait à 35 milliards d'euros de baisse des impôts de production, précise-t-il à l'AFP. Soit cinq fois plus que les 7 milliards d'impôts de production que l'exécutif s'est engagé à faire disparaître en supprimant la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises.
Les entreprises s'inquiètent en outre de l'augmentation de leurs coûts liés à d'autres facteurs que les salaires.
"Nous voyons flamber nos prix d'approvisionnement en matières premières, l'énergie en premier. Et lorsqu'on ne peut pas répercuter sur les prix de vente, c'est compliqué", a expliqué le patron de la CPME.
R.Marconi--IM