La Suisse aux urnes sur le droit du bail, les autoroutes et l'Eurovision à Bâle
Les Suisses vont dire dimanche dans les urnes s'ils acceptent de nouveaux projets autoroutiers et de donner davantage de pouvoir aux propriétaires en matière de droit du bail, tandis qu'à Bâle un référendum est organisé sur l'accueil de l'Eurovision 2025.
L'immense majorité des électeurs votent à l'avance par correspondance. Les bureaux de vote ne sont donc ouverts que quelques heures, jusqu'à midi (11H00 GMT).
Les premiers résultats sont attendus dans l'après-midi.
Le "non" pourrait l'emporter pour les autoroutes mais, selon les sondages, les résultats s'annoncent serrés.
Le gouvernement et le Parlement entendent éliminer les goulets d'étranglement sur six tronçons autoroutiers, le trafic ayant plus que doublé sur les routes nationales depuis 1990.
Une alliance d'environ 50 organisations, soutenues par les partis de gauche et écologistes, a lancé un référendum contre ces projets. Ils sont trop chers, vont engendrer encore plus de trafic et avec la crise climatique, une telle politique n'est pas défendable, selon ces opposants.
Le gouvernement a promis des mesures pour compenser les atteintes à la nature, comme le reboisement de forêts ou la création de mares pour amphibiens.
Les coûts des projets -- des élargissements de portions d'autoroutes, la construction du "tunnel du Rhin" à Bâle et de nouveaux tubes de tunnels à Schaffhouse et Saint-Gall -- sont estimés à 4,9 milliards de francs suisses (5,26 milliards d'euros).
"C'est tous ces milliards qu'on ne va pas pouvoir investir dans d'autres solutions, d'autres moyens de transport qui sont plus écologiques et aussi plus efficaces", a déclaré à l'AFP Angela Zimmermann, chargée de campagne chez actif-trafiC.
En outre, "ces projets d'extension d'autoroutes vont augmenter le trafic à la fois sur l'autoroute mais aussi dans les villes, accentuer l'effet d'entonnoir, augmenter les bouchons", selon elle.
- Droit du bail -
Les Suisses -- qui à près de 60% sont locataires -- vont également se prononcer sur deux propositions séparées visant à donner plus de flexibilité aux propriétaires pour résilier un bail et limiter la sous-location.
Les nouvelles règles édictées par le Parlement visent à empêcher les abus au niveau des sous-locations, courantes en Suisse. L'issue du vote semble incertaine car les sondages sont partagés.
Ils montrent en revanche un rejet de la réglementation autorisant les propriétaires à résilier le bail de locataires à des fins personnelles même si ce besoin n'est pas urgent.
Une importante association de locataires (Asloca) a lancé un double référendum contre ces "attaques directes contre les maigres mécanismes de protection du locataire dans le droit du bail".
L'Asloca "s'oppose fermement à cette attaque du lobby immobilier visant à chasser les locataires pour relouer plus cher. En facilitant les résiliations de baux, les loyers exploseront, puisqu'à chaque changement de locataires, la partie bailleresse peut augmenter le loyer", a-t-elle fait valoir.
- Eurovision à Bâle -
Les habitants de Bâle doivent aussi décider s'ils acceptent de débourser 34,96 millions de francs suisses (37,4 millions d'euros) pour accueillir l'Eurovision 2025.
La Suisse a remporté l'Eurovision 2024 en Suède avec la victoire de l'artiste non-binaire Nemo et doit accueillir l'édition 2025 en mai dans cette ville rhénane, à la frontière de la France et l'Allemagne. Les autorités espèrent 60 millions de francs de retombées immédiates.
L'Union démocratique fédérale (UDF), un petit parti défendant des "valeurs chrétiennes intemporelles", a lancé un référendum pour dénoncer un "vrai gaspillage" d'argent public. Le parti, décrit comme ultra-conservateur par la presse suisse, avance aussi des arguments sécuritaires et moraux.
En cas de victoire du "oui", "l'événement prévu sur une dizaine de jours serait alors réduit à un grand show télévisé le samedi soir", sans organisation d'événements publics en dehors de la scène principale, a prévenu le chef de la communication de l'Eurovision 2025, Edi Estermann, auprès de l'AFP.
Les organisateurs du concours se montrent confiants quant à l'issue du vote.
"Nous sommes une ville d'art, des beaux-arts, mais aussi de la musique. C'est toujours très important pour notre ville", a déclaré à l'AFP Andrea Strahm, avocate et membre du parlement bâlois.
P.Conti--IM