Biden en Corée du Sud, sous l'ombre du nucléaire nord-coréen
Le président américain Joe Biden a atterri vendredi en Corée du Sud pour son premier déplacement en Asie en tant que président, une tournée sur laquelle plane l'ombre d'un possible essai nucléaire nord-coréen.
L'avion Air Force One du président a atterri dans l'après-midi sur la base aérienne d'Osan, près de Séoul. Le dirigeant démocrate de 79 ans s'est immédiatement rendu dans une usine de semiconducteurs du géant sud-coréen Samsung à Pyeongtaek, au sud de la capitale, qu'il a visitée avec son nouvel homologue sud-coréen Yoon Suk-Yeol, arrivé au pouvoir début mai.
L'alliance américano-sud-coréenne constitue "un pilier de la paix, de la stabilité et de la prospérité" dans le monde, a affirmé M. Biden dans ses premières remarques après son arrivée.
Le choix de l'usine Samsung comme première étape de son voyage n'est pas anodin: les semiconducteurs – les micropuces essentielles à la plupart des appareils modernes, des téléphones aux voitures et aux armes de haute technologie – sont au coeur d’un ralentissement de la chaîne d'approvisionnement mondiale qui menace de perturber la reprise économique après la pandémie.
La Corée du Sud représente environ 70% de la production mondiale de ces composants, a rappelé de son côté M. Yoon. Selon lui, la visite de M. Biden pourrait aider les deux alliés à forger une nouvelle "alliance économique et sécuritaire basée sur une technologie de pointe et une coopération en matière de chaîne d'approvisionnement".
"Les semiconducteurs s'apparentent désormais à des marchandises stratégiques", a expliqué à l’AFP Vladimir Tikhonov, professeur d’études coréennes à l'Université d’Oslo, et les Etats-Unis tentent de reconstruire leur industrie nationale. Biden "a besoin de la collaboration de Samsung à cet égard", a-t-il ajouté.
Après Séoul, M. Biden se rendra dimanche à Tokyo où il participera à une réunion du Quad, ce format diplomatique qu'il se fait fort de relancer et qui rassemble les Etats-Unis, le Japon, l'Inde et l'Australie.
- Taïwan et Corée du Nord -
Avec cette tournée chez leurs deux grands alliés en Asie de l'Est, les Etats-Unis veulent "affirmer l'image de ce que le monde pourra être si les démocraties et les sociétés ouvertes du monde se rassemblent pour dicter les règles du jeu", autour du "leadership" américain, a affirmé le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, pendant le vol à bord d'Air Force One.
"Nous pensons que ce message sera entendu à Pékin. Mais ce n'est pas un message négatif et ce n'est pas destiné à un seul pays", a assuré M. Sullivan.
La Chine, et Taïwan, seront néanmoins dans toutes les têtes.
Les questions de sécurité n’étaient cependant pas en tête de l'ordre du jour de vendredi. La Maison Blanche a précisé que le président américain n'irait pas dans la zone démilitarisée entre les deux Corées --là où Donald Trump avait rencontré en 2019 le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, pour une réunion spectaculaire mais qui n'avait pas changé la trajectoire du régime.
- Menace d'essai nucléaire -
Le gouvernement Biden a plusieurs fois, en vain, dit qu'il était prêt à discuter avec la Corée du Nord, bien que cette dernière ait multiplié les tirs de missiles depuis le début de l'année.
Séoul et Washington s'attendent à ce que Pyongyang reprenne de façon imminente ses essais nucléaires, après en avoir conduit six entre 2006 et 2017.
Selon les services de renseignement américains, il existe une "réelle possibilité" que la Corée du Nord choisisse d'organiser une "provocation" pendant le séjour de M. Biden au Sud, a déclaré son administration avant son départ de Washington.
Cela pourrait signifier "de nouveaux essais de missiles, des essais de missiles à longue portée ou un essai nucléaire, ou carrément les deux", avant, pendant ou après la tournée de M. Biden dans la région, a indiqué Jake Sullivan.
Et ce alors que le pays fait face à une épidémie de coronavirus qui s'aggrave, le nombre de cas dépassant désormais 1,7 million selon la presse officielle.
Un essai nucléaire nord-coréen entraînerait "des ajustements à la posture de nos forces armées dans la région", a également déclaré Jake Sullivan.
Mais il a nié qu'un tel événement serait vu comme un revers à la diplomatie de Joe Biden. "Cela soulignerait l'un des principaux messages que nous envoyons lors de ce voyage, qui est que les Etats-Unis répondent présent pour nos alliés et partenaires".
D.Lombardi--IM