Wall Street finit en nette baisse, froissée par une Fed moins conciliante
La Bourse de New York a terminé en net repli vendredi, toujours froissée par la perspective d'un coup de frein de la banque centrale américaine (Fed) dans son processus d'assouplissement monétaire.
L'indice Nasdaq a dévissé de 2,24%, le Dow Jones a lâché 0,70% et l'indice élargi S&P 500, 1,32%.
"Les propos (du président de la Fed Jerome) Powell ont rendu la place sceptique quant à la trajectoire de taux, avec une possible pause en décembre plutôt qu'une baisse", selon Angelo Kourkafas, d'Edward Jones.
Jeudi, Jerome Powell a fait valoir que la bataille contre l'inflation n'était pas encore gagnée et que l'économie restant résiliente, il n'y avait pas de raison de se "hâter pour abaisser les taux".
Les opérateurs attribuent désormais une probabilité de plus de 40% à l'hypothèse d'un statu quo de la Fed à l'issue de la dernière réunion de l'année, les 17 et 18 décembre, contre 14% seulement il y a un mois.
D'ici là, le marché aura pris connaissance d'une nouvelle série de données, ce qui pourrait modifier son appréhension de la situation économique des Etats-Unis.
Mais dans l'immédiat, "on voit s'évaporer un peu de l'excitation et de l'enthousiasme consécutifs à l'élection" de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, constate Angelo Kourkafas.
La livraison d'indicateurs macroéconomiques du jour n'a pas modifié l'humeur des investisseurs.
Les ventes de détail ont progressé de 0,4% sur un mois en octobre, soit mieux que les 0,3% annoncés par les économistes.
Mais l'indice de base (control group), qui exclut notamment l'automobile, l'essence et les matériaux de construction, s'est replié de 0,1%, contre une hausse attendue de 0,3%.
Pour ajouter à la morosité ambiante, le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans a repris son ascension, à 4,44%, contre 4,43% la veille en clôture.
Ces taux pénalisent les titres dits de croissance, dont la valorisation est fonction d'anticipations de bénéfices futurs.
Ces derniers deviennent moins attractifs si le rendement d'autres placements, comme les obligations, se situe à un niveau élevé.
Dans ce contexte, un vent mauvais a soufflé vendredi sur le secteur technologique.
Nvidia (-3,26%), Meta (-4,00%) et Amazon (-4,19%) ont été particulièrement visés.
Le Dow Jones s'en est mieux tiré, notamment grâce à Disney (+5,46%), qui a continué de surfer sur ses résultats de jeudi et des prévisions encourageantes pour la rentabilité de ses services de streaming.
La perspective d'une persistence de taux d'intérêt élevés a bénéficié aux financières, telles Goldman Sachs (+0,84%), JPMorgan Chase (+1,42%) et Visa (+0,45%).
En revanche, le secteur de la santé a continué à subir les assauts des opérateurs, fragilisé après la nomination de Robert Kennedy Jr au poste de ministre de la Santé du futur gouvernement Trump.
Vaccinosceptique, friand de théories sanitaires complotistes, ce descendant de la grande famille Kennedy inquiète de nombreux professionnels.
Les laboratoires Moderna (-7,34%) et Pfizer (-4,69%), qui dépendent pour partie des ventes de vaccins contre le Covid, ont été torpillés.
Quant au secteur automobile, il est resté secoué par l'information de l'agence Reuters selon laquelle l'équipe Trump s'apprête à supprimer le crédit d'impôt de 7.500 dollars pour l'achat d'un véhicule électrique aux Etats-Unis.
Rivian (-2,42%) et Lucid (-3,37%) sont restés en marche arrière.
Tesla, en revanche, a été recherché (+3,07%).
Le groupe d'Elon Musk est considéré comme l'un des possibles gagnants de cette suppression, car il bénéficie d'un effet d'échelle sur le marché américain des voitures électriques, qu'il domine.
E.Colombo--IM