USA: les décisions de la Fed sont irrévocables, martèle son président Jerome Powell
Le président de la Banque centrale américaine, la Fed, Jerome Powell, a martelé jeudi que l'institution chargée de la politique monétaire était indépendante, et que le pouvoir exécutif ne pouvait l'influencer, alors que l'élection de Donald Trump suscite des inquiétudes.
Les décisions de la Fed "ne peuvent être renversées par aucune autre partie du gouvernement, hormis, bien sûr, par le Congrès", a déclaré Jerome Powell, lors d'une séance de questions-réponses à Dallas (Texas).
Donald Trump n'a pas caché son souhait de peser sur les décisions de la banque centrale, qui relève et abaisse les taux au gré des évolutions économiques. Il avait ainsi, en août, estimé que "le président devrait au moins avoir son mot à dire".
Lorsque l'institution a entamé une première baisse des taux en septembre, moins de deux mois avant l'élection du 5 novembre, Donald Trump l'avait accusée de jouer le jeu de la candidate démocrate. Lors de son premier mandat déjà, il avait rompu avec l'usage et commenté ces décisions.
"Nous ne pensons pas, lorsque nous prenons nos décisions, au bien-être d'un parti politique ou quoi que ce soit du genre. Nous nous contentons d'examiner les aspects macroéconomiques et de faire de notre mieux", a assuré Jerome Powell.
Jeudi matin, c'est une gouverneure de la Fed, Adriana Kugler, qui avait prononcé un discours dans lequel elle insistait sur la nécessité d'avoir une banque centrale indépendante.
- "Performance" économique -
Jerome Powell a par ailleurs salué jeudi la performance de l'économie américaine: "la récente performance de notre économie a été remarquablement bonne, de loin la meilleure de toutes les grandes économies du monde".
Croissance du PIB près de deux fois plus élevé que dans la zone euro, taux de chômage toujours faible, et inflation qui a drastiquement baissé: la santé de l'économie américaine reste très bonne, ayant simplement refroidi après une période de surchauffe.
"L'économie n'envoie aucun signal indiquant que nous devons nous dépêcher de baisser les taux", a-t-il déclaré, précisant que "la vigueur actuelle de l'économie nous donne la possibilité d'aborder nos décisions avec prudence".
La Réserve fédérale américaine a abaissé ses taux le 7 novembre, pour la deuxième fois d'affilée. Ceux-ci se situent désormais dans la fourchette de 4,50 à 4,75%.
Sa prochaine réunion aura lieu les 17 et 18 décembre, et une nouvelle baisse d'un quart de point est attendue par les acteurs du marché, selon l'évaluation de CME Group.
"L'inflation se rapproche beaucoup plus de notre objectif de 2% à long terme, mais elle n'y est pas encore. Nous nous engageons à terminer le travail", a relevé Jerome Powell, alertant sur "une trajectoire parfois cahoteuse" à prévoir.
L'inflation a d'ailleurs rebondi en octobre, pour la première fois depuis le mois de mars, à +2,6% sur un an contre +2,4% en septembre, selon l'indice CPI.
Quant à l'emploi, la pénurie de main d'oeuvre se tasse, et le taux de chômage reste très bas, à 4,1%. "Le marché du travail s'est refroidi au point où il n'est plus une source de pressions inflationnistes significatives", a salué Jerome Powell.
S.Rovigatti--IM