Hôtellerie-restauration: le patronat travaille avec Tunis pour recruter des saisonniers
L'Umih, principal syndicat patronal de l'hôtellerie-restauration, un secteur qui cherche à recruter tous azimuts, s'apprête à signer une convention avec le gouvernement tunisien pour faciliter la venue de jeunes Tunisiens désireux de travailler comme saisonniers dans le secteur.
Le secteur, déjà en "tension permanente depuis des années", a perdu un grand nombre d'effectifs pendant la crise sanitaire et "Pôle emploi a un stock très faible de demandeurs d'emplois fléchés sur notre activité", explique à l'AFP Thierry Grégoire, président de l'Umih saisonniers.
C'est pourquoi le patronat "ne s'interdit pas de regarder les bonnes pratiques d'autres secteurs, comme l'agriculture", dit-il.
Depuis plusieurs années l'ANETI, l'équivalent de Pôle emploi en Tunisie, "travaille sur des mobilités de salariés saisonniers tunisiens avec le monde agricole et la FNSEA, pour compléter les besoins des entreprises lorsqu'il y a des carences sur certains types de postes", rapporte M. Grégoire.
Dans le cadre d'une convention que l'Umih veut signer en juin à Tunis, l'organisation mettra en relation l'ANETI et les entreprises françaises souhaitant recruter des saisonniers tunisiens pour cinq mois maximum, payés selon les grilles de salaires de la branche hôtellerie-restauration en France.
Ce dispositif qui se mettra réellement en place en 2023 "restera très marginal" car "la priorité reste d'embaucher des demandeurs d'emploi en France, mais le vivier ne permet pas de pourvoir tous les postes", poursuit le responsable patronal.
Les employeurs devront pouvoir loger ces salariés tunisiens, qui déposeront leur candidature sur la plateforme de recrutement HCR-EMPLOI créée par l'Umih.
"Cette possibilité existe depuis plus de 20 ans. Jusqu'ici ça n'intéressait pas trop notre secteur, mais face à la pénurie d'emplois à laquelle nous sommes confrontés, nous voulons explorer cette piste supplémentaire pour embaucher des saisonniers", indique M. Grégoire, précisant que des discussions à ce sujet ont débuté il y a près d'un an avec le ministère de l'Intérieur.
Depuis 2003, un accord sur l'échange de jeunes professionnels entre les deux pays donne accès au marché du travail français aux jeunes Tunisiens diplômés ou expérimentés dans de nombreux secteurs (la construction, l'hôtellerie-restauration, l'informatique, le secteur médical, les services à la personne...) et permet à de jeunes professionnels français d'aller travailler en Tunisie.
Il existe de tels accords bilatéraux avec une douzaine de pays (Maroc, Argentine, Bulgarie, Canada, Estonie, Etats-Unis, Hongrie, Pologne...).
B.Agosti--IM