Il Messaggiere - Clap de fin au Lido: la troupe veut en découdre

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Clap de fin au Lido: la troupe veut en découdre
Clap de fin au Lido: la troupe veut en découdre / Photo: Christophe ARCHAMBAULT - AFP/Archives

Clap de fin au Lido: la troupe veut en découdre

Ils sont prêts à voler dans les plumes du Lido: désemparé après l'annonce "brutale" d'un plan de transformation assorti de nombreuses suppressions de postes, le personnel du prestigieux cabaret parisien veut organiser sa résistance.

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"On nous a bien passé la pommade, on y a cru", reconnaît Laura Bonucci, couturière depuis 33 ans dans l'établissement. "Mais on va se battre", prévient-elle mardi devant le rideau de fer baissé.

Jeudi dernier, la direction du Lido, repris à Sodexo par le géant hôtelier Accor, a surpris tout le monde en annonçant sa volonté de transformer prochainement le cabaret en "salle de spectacles musicaux".

La tradition de la revue à plumes, la troupe permanente et le dîner-spectacle dans ce mythe des nuits parisiennes créé en 1946 par la famille Clérico s'apprêtent ainsi à passer à la trappe et les descendantes des "Bluebell girls", ces danseuses vêtues de plumes aux jambes interminables qui ont fait la renommée du lieu, sont priées d'aller se rhabiller.

Le projet de transformation s'accompagne en effet d'un plan de sauvegarde de l'emploi visant 157 postes sur 184.

"C'est brutal, on ne s'y attendait pas du tout", s'émeut Nicole Hoffmann. Dans sa blouse bleue, cette femme lave les costumes des danseuses depuis 17 ans.

"Accor nous avait promis monts et merveilles", enrage Dorian Spiess. Entré comme simple stagiaire, le jeune homme qui arbore un T-shirt noir griffé "Lido" est aujourd'hui sous-chef costumier.

"On pensait qu'ils allaient créer quelque chose dans le style cabaret. On est désemparés. Ils ont pris leurs décisions, on ne sait pas encore sur qui ça va tomber. C'est lourd et pesant", poursuit-il après s'être photographié devant l'entrée avec ses collègues, façon touriste en vacances ou plus vraisemblablement ultime souvenir avant de tourner la page.

Actuellement, le Lido emploie 40 artistes, 15 habilleuses, quatre couturières, 73 personnes en salle, huit pour l'administratif, neuf techniciens et dix machinistes, recense Ludovic Hervéou, délégué syndical CGT.

- Le rideau tombera le 12 août -

"A terme, seulement 27 personnes vont rester et il va y avoir 12 créations de postes", poursuit-il. "Il va rester huit machinistes et trois techniciens pour la maintenance, quatre couturières, autant d'habilleuses et la comptabilité. Tout le reste, va être sous-traité".

Personne ne sait cependant à quelle sauce il va être mangé.

"Il y a des bruits de couloir mais on ne sait pas qui va rester", regrette Laura la couturière.

Jeudi, les représentants du personnel ont de nouveau rendez-vous avec la direction pour affiner le projet, entrer dans le détail des postes conservés et supprimés.

"On rentre en négociation, l'objectif est maintenant de sauver un maximum d'emplois", dit M. Hervéou. "La direction veut aller vite, trop vite", regrette-t-il en annonçant que la fin de la procédure est prévue le 12 août.

Unis en coulisses selon l'élu, les syndicalistes de FO, CGT et CFDT ne désarment pas et entendent porter le combat sur un terrain financier en dépit d'une situation financière présentée comme mauvaise et aggravée par le Covid-19. Jeudi, la direction avait ainsi précisé que les pertes accumulées s'élevaient "à 80 millions d'euros sur la dernière décennie".

"Le Moulin Rouge fait deux spectacles par soir, six jours sur sept et ça marche", s'étonne M. Hervéou. "Nous on est ouvert trois jours par semaine, avec un seul spectacle à chaque fois. Le repreneur ne nous a laissé aucune chance alors qu'il avait pourtant dit en assemblée générale que l'ADN serait conservé".

Au passage, il regrette également que Sébastien Bazin, le patron d'Accor, n'ait encore jamais pris la peine de rencontrer les salariés du Lido.

La CGT assure que Sodexo a touché 700.000 euros d’aides publiques au titre du Covid pour le Lido.

"Il n'est pas question qu'un centime d'argent public serve à financer le PSE", prévient Ghislain Gauthier (CGT Spectacles). "On va interpeller Mme Borne, ainsi que les prochains ministres du Travail et de la Culture".

I.Pesaro--IM