La Turquie désigne le PKK après un attentat qui a fait 5 morts et 22 blessés près d'Ankara
Les autorités turques ont désigné le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) comme "probable" responsable de l'attentat qui a fait cinq morts et plus de vingt blessés, mercredi contre le siège des industries de défense de Turquie, près d'Ankara.
Pour le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya, "la manière dont cette action a été menée est très probablement liée au PKK".
Selon lui, les assaillants étaient deux et ils ont été tués.
"Le processus d'identification et la recherche d'empreintes digitales se poursuivent et nous dirons quelle organisation terroriste est à l'origine de l'attentat" a-t-il précisé, en annonçant un bilan de cinq morts et 22 blessés.
Le ministre de la Défense, Yasar Güler, a prévenu: "Nous infligeons toujours à ces scélérats du PKK le châtiment qu'ils méritent (...) Nous ne renoncerons pas à les poursuivre jusqu'à ce que le dernier terroriste soit éliminé et nous les ferons souffrir pour ce qu'ils ont fait".
Le vice-président turc, Cevdet Yilmaz, qui a rendu visite aux blessés en soirée avec plusieurs membres du gouvernement, a indiqué qu'une des personnes décédées, outre quatre employés du site, est un chauffeur de taxi dont le commando a braqué la voiture avant l'attentat. Et que sept des blessés sont des policiers.
Le ministère de la Justice a annoncé l'ouverture d'une enquête.
L'opération, qui s'est déroulée en milieu d'après-midi à une quarantaine de km d'Ankara, visant le siège des industries de défense, n'avait pas été revendiquée dans la soirée.
- échanges de tirs -
La chaine de télévision privée NTV a évoqué une attaque suicide, qui n'a pas été confirmée, assurant qu'un "groupe de terroristes" avait fait irruption devant l'entrée des bâtiments avant que l'un d'eux se fasse "exploser". L'explosion, selon les médias, a été suivie d'échanges de tirs pendant plus d'une heure.
Le journal Sabah a publié sur son compte X une photo issue des caméras de surveillance à l'entrée du bâtiment visé, montrant un jeune homme entièrement vêtu de noir, portant un sac à dos et apparemment muni d'un fusil d'assaut avec la mention: "Voici un des terroristes qui ont attaqué #TUSAŞ".
Des images télévisées ont montré d'importants flammes suivies d'une fumée blanche devant l'entrée du site, avant de devoir renoncer au direct sur ordre de la RTürk, l'organe de régulation des radios et télévisions turques .
Dénonçant une "attaque ignoble" visant "l'une des locomotives de l'industrie de défense turque", le président Recep Tayyip Erdogan a promis de "briser ceux qui portent des mains sales sur la Turquie".
"Notre lutte contre toutes les menaces terroristes se poursuivra avec détermination" a-t-il assuré sur X.
Le chef de l'Etat se trouvait à Kazan, en Russie, au côté de son homologue russe Vladimir Poutine qui lui a adressé ses condoléances, "condamnant tout acte de ce genre, quelles que soient ses motivations".
- "dialogue" -
Cette attaque survient alors que la classe politique semble vouloir trouver une solution politique et négociée au conflit sanglant avec les combattants kurdes.
Le principal parti pro-kurde, le Dem (ex-HDP), troisième force au parlement, a ainsi jugé "significatif" qu'elle se produise "alors que la société turque discute de solutions pour faire émerger la possibilité d'un dialogue".
Mardi, le président du MHP (nationaliste) Devlet Bahçeli, principal allié du parti AKP de M. Erdogan, a invité le chef du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan, 7( ans, en prison depuis 1999, à s'exprimer devant le Parlement pour annoncer la dissolution de son parti, considéré comme un mouvement "terroriste" par Ankara et ses alliés.
Depuis sa cellule à Edirne (ouest), l'ex-co-président du Dem et toujours charismatique Selahattin Demirtas, condamné à 42 ans de prison en mai dernier, a dénoncé l'attaque et une "mentalité qui tente de briser dans le sang la recherche de solutions par le dialogue".
"Si Öcalan prend une initiative et veut ouvrir la voie à une (solution) politique, nous le soutiendrons de toutes nos forces" prévient-il: "Nous ne permettrons jamais que la voix des (partisans) de la paix soit étouffée, d'où qu'elle vienne ".
Le chef de l'opposition au parlement, Özgür Özel, président du CHP, qui avait rendu visite à M.Demirtas mardi dans sa prison, a également dénoncé "l'attaque terroriste", précisant "condamner le terrorisme, peu importe de qui et d’où il vient".
De nombreuses condamnations ont afflué de l'étranger, dont celle de Mark Rutte, secrétaire général de l'Otan, dont la Turquie est membre, qui a indiqué "se tenir au côté de notre allié, la Turquie".
"Bien que nous ne connaissions pas encore le motif ou l'auteur exact de cet acte, nous condamnons fermement cet acte de violence", a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, faisant part des condoléances américaines aux victimes.
"Nous condamnons vivement le terrorisme sous toutes ses formes", a réagi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, assurant la Turquie de la "solidarité" de l'UE.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a fait part de sa "sympathie sincère aux autorités turques après cette attaque lâche", suivie de son homologue grec Kyriakos Mitsotakis, du ministère allemand des Affaires étrangères et l'ambassade de France en Turquie.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a lui aussi "condamné le terrorisme sous toutes ses formes.
Le PKK en lutte armée contre le gouvernement, avait perpétré une attaque à Ankara devant un commissariat de police en octobre 2023, qui avait fait deux morts (les assaillants) et blessé deux policiers.
F.Laguardia--IM