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Un boulot le jour, un autre le soir, les électeurs américains essaient de joindre les deux bouts
Un boulot le jour, un autre le soir, les électeurs américains essaient de joindre les deux bouts / Photo: Cecilia SANCHEZ - AFP

Un boulot le jour, un autre le soir, les électeurs américains essaient de joindre les deux bouts

Employé dans un funérarium et chef d'équipe dans un restaurant: Zackree Kline, 21 ans, travaille 60 heures par semaine pour joindre les deux bouts, une situation qui le poussera à voter Donald Trump plutôt que Kamala Harris lors de l'élection du 5 novembre.

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"Je travaille tous les jours de la semaine", explique le jeune homme, dans un restaurant de York, ville de 45.000 habitants en Pennsylvanie, l'un des Etats où se jouera l'élection.

C'est comme ça "depuis environ trois ans et demi", souligne-t-il. Mais "j'aime mes deux métiers". Casquette sur la tête, tablier autour de la taille, inaltérable sourire sur le visage, il explique que "beaucoup de gens ici ont plusieurs emplois".

Souvent, il n'a pas le temps de dormir plus de cinq heures par nuit. "C'est difficile", mais "c'est ce qu'il faut pour s'en sortir".

Zack Kline blâme la flambée de l'inflation qu'ont connu les Etats-Unis depuis 2021. Mais s'estime "chanceux d'avoir fait des économies avant que tout change. J'ai donc pu acheter une maison récemment. Je sais que beaucoup de gens de mon âge n'ont pas ce luxe, et paient des loyers exorbitants."

Il votera pour l'ancien président républicain, qui, dans ce comté, avait emporté 61% des voix, tant en 2016 qu'en 2020: "beaucoup de gens restent favorables à Trump, simplement parce que tout était bien moins cher lorsqu'il était président".

- "Filet de sécurité" -

Aux Etats-Unis, en août, 5,3% des travailleurs occupaient plusieurs emplois, selon les chiffres du département du Travail. Soit 8,5 millions de personnes.

Après une brutale chute au printemps 2020, avec la crise du Covid, le niveau est désormais comparable à celui de 2019.

Face à l'inflation, "il n'est pas surprenant que pour compléter le revenu du ménage, les gens cherchent un deuxième emploi", relève Mike Faulkender, professeur à l'Université du Maryland, dans une interview à l'AFP.

Cet ancien responsable au département du Trésor sous l'administration Trump estime que, "de manière générale, si cela est dû à des tensions économiques, on peut penser que c'est de mauvais augure pour le parti qui occupe actuellement la Maison Blanche".

"Je ne pense pas qu'il y ait un candidat qui réponde mieux que l'autre à ma situation financière", juge pour sa part Brianna Smith, 30 ans.

Prof de maths au collège le jour, elle travaille dans un hypermarché le soir, 40 heures par semaine d'un côté, 12 à 25 de l'autre.

"Beaucoup de personnes sont dans ma situation, occupent plusieurs emplois, ou essaient juste de s'en sortir avec un seul."

Etre seulement prof de maths? "Ca serait faisable", mais ce deuxième salaire lui offre un "filet de sécurité", pour s'offrir des loisirs entre autres, car "j'ai toujours une vie sociale, croyez-le ou non", raconte-t-elle.

"Bien sûr, l'inflation m'a poussée à faire plus d'heures."

Devenue professeure titulaire cette année, Brianna Smith espère toutefois pouvoir bientôt se contenter d'un seul boulot: "les élèves me prennent beaucoup d'énergie", rit-elle.

La trentenaire a une mère qui "a toujours travaillé, travaillé, travaillé". Ses soeurs aussi ont plusieurs emplois.

- "Style de vie" -

Le fait qu'une partie de la population cumule plusieurs emplois n'est toutefois pas nouveau, les taux étaient même "bien plus élevés" à la fin des années 1990, rappelle cependant Elise Gould, du centre de réflexion progressiste Economics Policy Institute.

Gary Jones, 58 ans, dit avoir toujours eu plusieurs emplois.

Cinq jours par semaine, de 8H à 16H, il entretient les locaux du YMCA de York, avec salle de sport, crèche, et logements pour hommes en situation précaire.

"Salut, Gary", lui lance-t-on lorsqu'il passe, enthousiaste, dans les couloirs.

Puis, jusqu'à 21H30 ou 22H, il travaille dans l'entrepôt d'une grande entreprise de livraison de colis.

"Cela rapporte de l'argent supplémentaire" pour faire face au "coût de la vie", souligne cet homme aux cheveux gris, évoquant notamment "le prix de l'essence".

"C'est devenu une partie de mon style de vie", assure ce père de quatre enfants désormais adultes.

Il a vu l'inflation des dernières années pousser des petits commerces à la faillite: "des magasins ou restaurants familiaux n'existent plus".

Il ne dira pas pour qui il compte voter. Mais reste philosophe: "que ce soit Kamala ou Trump lui-même, (...) nous prions, pour qu'ils prennent la bonne décision, fassent ce qu'il faut, pas seulement pour moi, mais pour tout le monde".

F.Laguardia--IM