La Bourse de New York ouvre en baisse, digère sa récente vague de hausses
La Bourse de New York évoluait en baisse jeudi, reprenant son souffle après plus de deux semaines de gains quasiment ininterrompus, entre indicateurs macroéconomiques décevants et baisse des prix du pétrole.
Vers 14H15 GMT, le Dow Jones cédait 0,57%, l'indice Nasdaq, à dominante technologique, abandonnait 0,41% et l'indice élargi S&P 500, perdait 0,36%.
"C'est la fin du mois, la fin du trimestre, et nous venons de connaître un fort mouvement ces deux dernières semaines", a commenté Adam Sarhan, fondateur et directeur général de 50 Park Investments. "Donc, pour l'instant, il semble que le marché digère. C'est parfaitement normal et même sain."
Côté macroéconomie, les investisseurs avaient largement anticipé l'accélération de l'inflation en mars, illustrée par la publication, jeudi, de l'indice PCE, qui a fait ressortir une hausse de 6,4% des prix sur un an, conformément aux attentes.
En revanche, les économistes ont été surpris par le ralentissement de la consommation et de la hausse du revenu disponible en février aux Etats-Unis.
"Les prix élevés, la baisse des revenus réels (corrigés de l'inflation) et du revenu disponible, de même que la diminution de l'épargne disponible, sont défavorables aux ménages, même si le marché de l'emploi continue de croître", a mis en avant, dans une note, Rubeela Farooqi, économiste en chef du cabinet High Frequency Economics.
De manière générale, "les inquiétudes persistantes sur la croissance pourraient être un facteur" de repli de Wall Street, selon Patrick O'Hare, de Briefing.com, qui a mentionné les mauvais indices PMI d'activité en Chine pour mars.
L'indice pour le secteur des services est même tombé à son plus bas niveau depuis février 2020, début de la pandémie de coronavirus.
Sur le front géopolitique, les investisseurs renonçaient franchement à l'optimisme né mardi de ce qui semblait être une percée diplomatique sur l'Ukraine mais n'a pas été suivie de développements concrets.
Selon son secrétaire général, Jens Stoltenberg, l'Otan s'attend à de nouvelles offensives russes en Ukraine et ne croit pas à un repli, même partiel.
L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, remontait légèrement jeudi.
Une bonne partie des valeurs qui avaient bénéficié de la cavalcade des deux dernières semaines affichaient un repli marqué, à l'instar du fabricant de semi-conducteurs AMD (-4,62%), d'Uber (-2,95%) ou de la plateforme d'échanges de cryptomonnaies Coinbase (-1,92%).
En revanche, les croisiéristes gardaient le cap, toujours soutenus par un nouvel avis des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence sanitaire américaine, qui ne recommandent plus d'éviter les croisières pour éviter de contracter le coronavirus.
Carnival (+1,58%), Norwegian (+1,97%) et Royal Caribbean (+1,72%) entamaient ainsi tous la séance dans le vert.
"Si la digestion (du marché) se traduit par des ventes massives", a prévenu Adam Sarhan, "alors ce ne sera pas une digestion, mais une reprise de la tendance baissière" qui avait secoué la place new-yorkaise depuis le début de l'année, avant l'embellie des deux dernières semaines.
"En revanche, si c'est contenu, avec une faible volatilité et des volumes réduits, cela montrerait que les acheteurs ont toujours la main", a ajouté le gérant.
A la cote HP était sanctionné (-6,62% à 36,27 dollars), de même que Dell, après l'abaissement de recommandation de Morgan Stanley, qui prévoit des difficultés sur le marché du PC du fait de l'incertitude sur la conjoncture économique.
La chaîne de pharmacies Walgreens ne profitait pas (-6,55% à 44,35 dollars) de résultats trimestriels supérieurs aux attentes, soutenus par les vaccinations contre le Covid-19 et les tests, dans ses succursales ou en kit à domicile.
Plusieurs compagnies pétrolières se repliaient alors que le marché attend l'annonce, par le président américaine Joe Biden, d'une montée en puissance de l'utilisation des réserves stratégiques d'or noir.
Selon plusieurs médias américains, le chef de l'Etat prévoierait de tirer un million de barils par jour durant six mois, soit environ 180 millions de barils. L'information a fait chuter les cours du brut de plus de 5%.
ExxonMobil (-0,49%) et Chevron (-0,69%) étaient tous deux dans le rouge.
V.Agnellini--IM