Wall Street amorce un rebond, soutenue par la prudence du président de la Fed
La Bourse de New York a ouvert en hausse mercredi, amorçant un léger rebond aidé par des déclarations jugées modérées du président de la Banque centrale américaine (Fed).
Vers 15H00 GMT, le Dow Jones gagnait 0,87%, l'indice Nasdaq, à dominante technologique, progressait de 0,56%, et l'indice élargi S&P 500, de 0,86%.
Après deux séances de baisse pour débuter la semaine, le marché a été bien orienté mercredi par les déclarations liminaires du président de la Fed Jerome Powell, publiées avant son audition devant la commission des Services financiers de la Chambre des représentants.
Le banquier central le plus suivi au monde a confirmé que la Fed remonterait bien son taux directeur à l'issue de sa prochaine réunion, les 15 et 16 mars.
Pour Gregori Volokhine, président de Meeschaert Financial Services, "la chose positive pour les marchés" tient à la perspective, énoncée par Jerome Powell, d'une réduction en douceur du bilan de la Fed, une phase qui inquiétait les investisseurs peut-être plus encore que la hausse des taux.
"Cela montre qu'ils ne vont pas avoir une politique trop dure qui serait négative pour les marchés", a expliqué le gérant. "C'est un signe de prudence en se rendant compte que les marchés sont extrêmement fragiles" avec, en toile de fond, le conflit ukrainien.
Pour John Lynch, responsable de l'investissement chez Comerica Wealth Management, les opérateurs s'inquiétaient toujours de l'escalade des cours du pétrole, avec un baril désormais au-delà de 110 dollars.
Patrick O'Hare, de Briefing.com, voyait lui quelques signes positifs, comme la possible reprise des pourparlers entre Russes et Ukrainiens, au septième jour du conflit, même si le ministre ukrainien des Affaires étrangères a indiqué qu'aucune date n'avait été arrêtée.
"Il y a aussi le sentiment que les actions ont trop baissé et que l'humeur (du marché) est trop négative, ce qui pourrait offrir la possibilité d'un rebond", a aussi suggéré l'analyste, dans une note.
"Ce qui est en train d'apparaître aux investisseurs, c'est que l'impact de ce qui se passe en Ukraine sera plus important pour l'Europe que pour les Etats-Unis", explique Gregori Volokhine.
Selon FactSet, l'exposition de l'ensemble des sociétés du S&P 500 à la Russie et à l'Ukraine ne représente qu'environ 1% de leur chiffre d'affaires global.
Après s'être très fortement repliés depuis lundi, les taux obligataires remontaient sensiblement mercredi, illustration d'un petit regain d'appétit pour le risque. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans se situait à 1,78%, contre 1,72% mardi.
Côté indicateurs macroéconomiques, le rapport sur l'emploi américain ADP, qui a fait état de 475.000 emplois créés en février, soit bien au-dessus des 375.000 attendus, est quasiment passé inaperçu, selon Gregori Volokhine.
Pour l'instant, "les nouvelles sont catastrophiques, (...) mais il suffirait qu'il y ait une +bonne nouvelle+" dans le dossier ukrainien, cessez-le-feu ou changement de politique russe, "pour qu'il y ait un +rally+ (courant acheteur) comme on n'en a jamais vu".
Les rachats de titres par des investisseurs obligés de se couvrir car ils spéculaient jusqu'ici sur la baisse des cours suffiraient ainsi, selon le gérant, à "propulser les marchés en hausse de 10 ou 15% en cinq minutes".
A la cote, Ford bénéficiait (+6,44% à 17,77 dollars) de l'annonce de la création d'une entité dédiée à ses voitures électriques (Ford Model e), distincte de ses activités traditionnelles, désormais rassemblée sous la marque Ford Blue.
ExxonMobil était recherché (+3,40% à 81,86 dollars) malgré l'annonce du retrait de son dernier grand projet en Russie, imitant ainsi ses concurrents BP, Shell ou Eni.
De manière générale, l'inexorable ascension des cours du pétrole dopait les entreprises du secteur, de ConocoPhillips (+3,06%) à Halliburton (+3,52%), en passant par Marathon Petroleum (+2,62%).
La chaîne de grands magasins Nordstrom était en lévitation (+34,95% à 26,37 dollars) après la publication de résultats supérieurs aux attentes et de prévisions jugées positives pour l'année fiscale en cours.
A.Uggeri--IM