A trois mois de la présidentielle, Macron annonce une moisson d'investissements étrangers
En annonçant 21 nouveaux investissements étrangers pour un total de 4 milliards d'euros, Emmanuel Macron et le gouvernement se démultiplient lundi pour mettre en avant l'attractivité de la France et vanter les réformes du quinquennat, à 83 jours de l'élection présidentielle.
A cause de la situation sanitaire, le chef de l'Etat ne reçoit pas cette année les investisseurs étrangers à Versailles pour un sommet "Choose France", comme c'était la tradition depuis son arrivée au pouvoir en 2017.
En lieu et place, l'exécutif se déploie dans les territoires pour porter la bonne parole d'une compétitivité retrouvée. A commencer par le chef de l'Etat, venu annoncer à Chalampé, dans le Haut-Rhin, un investissement de quelque 300 millions d'euros du groupe chimique allemand BASF.
Devant plusieurs dizaines d'ouvriers, il en a profité pour défendre ses réformes de début de quinquennat -- ordonnances travail, baisse des impôts sur les entreprises et sur les investissements financiers - ainsi que celle de l'assurance chômage, qui expliquent selon lui un rebond des investissements industriels étrangers en France.
Et il a de nouveau plaidé pour "produire plus", "seul moyen pour nos économies de faire une transition climatique" et "tenir notre modèle social". "Il faut cesser d'opposer transition climatique et industrie et création d'emplois", a-t-il insisté.
En parallèle, plusieurs ministres ont été missionnés à travers le pays pour annoncer d'autres projets qui représentent plus de 4 milliards d'euros en cumulé, et doivent permettre de créer "plus de 10.000 emplois", selon l'Elysée.
Le plus important est celui du groupe américain Eastman, qui injectera 850 millions d'euros dans une usine de recyclage de plastiques employant 350 personnes, en un lieu qui reste à définir.
"Les dirigeants du groupe américain Eastman me le confirment: ils choisissent la France !", s'est félicité Emmanuel Macron dans un tweet, après avoir reçu son PDG Mark Costa lundi matin à l'Elysée.
Dès l'aube, le chef de l'Etat avait salué la naissance d'une 25e "licorne" française, ces start-up valorisées à plus d'un milliard de dollars, - le fabricant de robots Exotec -, en annonçant "un nouvel objectif de dix géants de la tech d'ici 2030 au niveau européen".
Plusieurs projets touchent par ailleurs la santé: Pfizer va investir plus de 520 millions d'euros dans un projet de sous-traitance industrielle avec le façonnier Novasep pour la production d'un traitement contre le Covid-19 et des investissements dans la recherche de pointe.
- "Ca ne tombe pas du ciel" -
Les 21 nouveaux projets créeront "plus de 10.000 emplois, auxquels s'ajoutent plus de 16.000 emplois en CDI intérimaires" de l'entreprise Manpower, a indiqué l'Elysée, en rappelant que sur les 57 projets annoncés lors des quatre éditions précédentes, 55 se sont concrétisés pour 8 milliards d'euros et 13.300 emplois.
Les aides publiques consenties pour obtenir ces investissements sont généralement comprises entre 5% et 10% du montant, a-t-on précisé de même source.
La France a été en 2019 et 2020 la première destination des investissements étrangers en Europe, d'après le baromètre du cabinet EY.
L'image de la France "a radicalement changé grâce à la politique conduite. Ca ne tombe pas du ciel", a insisté le ministre chargé de l'Attractivité, Franck Riester.
"Tout ce qui est fait depuis 2017 sur la simplification administrative, l'investissement dans les talents, l'innovation et la recherche contribuent à une transformation du pays pour le rendre plus compétitif", a ajouté le ministre, qui a visité lundi dans le Loiret l'usine de Mars Petcare. Ce groupe veut construire deux nouvelles lignes de production de nourriture pour chiens et chats, pour 85 millions d'euros et 70 emplois supplémentaires à la clé.
La secrétaire d'Etat chargée de la Transition écologique Bérangère Abba était annoncée à Golbey, dans les Vosges, où le norvégien Norske Skog va investir 250 millions d'euros.
De son côté, la ministre de la Fonction publique Amélie de Montchalin devait se rendre à Corbeil-Essonnes, au sud de Paris, chez le belge X-Fab, qui injecte 65 millions d'euros pour relocaliser la fabrication de semi-conducteurs pour l'automobile.
Souvent, les projets industriels ne créent pas directement beaucoup d'emplois durables. Ainsi, la nouvelle usine de BASF en Alsace va employer près de 500 personnes pour sa construction, mais une cinquantaine de postes pérennes ensuite.
Dans les services, à l'inverse, le cabinet de conseil Accenture veut embaucher 2.000 personnes en France en 2022, et le mexicain Alsea, propriétaire de la licence d'exploitation des cafés Starbucks dans l'Hexagone, prévoit 1.500 recrutements d'ici 2026.
boc-leb-dga-mam/jk/cco
P.Conti--IM