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Présidentielle américaine: les électeurs inquiets de la désinformation émanant des politiques
Présidentielle américaine: les électeurs inquiets de la désinformation émanant des politiques / Photo: CHANDAN KHANNA, RONDA CHURCHILL - AFP/Archives

Présidentielle américaine: les électeurs inquiets de la désinformation émanant des politiques

Faux sites d'"informations" créés par la Russie ou l'Iran, images générées par l'intelligence artificielle: à un mois de la présidentielle, les Etats-Unis affrontent une avalanche de fausses informations sur la campagne, mais les électeurs s'inquiètent surtout de la désinformation venant des personnalités politiques elles-mêmes.

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En analysant l'année 2024, "la fausse information qui a été la plus diffusée a soit émané, soit été amplifiée par un politicien", explique à l'AFP Joshua Tucker, professeur à l'Université de New York (NYU).

Dans une étude publiée la semaine dernière par le site Axios, les Américains désignent à 51% les hommes et femmes politiques diffusant de fausses informations comme leur première source d'inquiétude.

Dans le même sondage, 35% estiment que "les entreprises de réseaux sociaux ne parviennent pas à mettre fin à la désinformation", et que "l'IA est utilisée pour tromper les gens".

Quelque 30% sont également inquiets à propos d'une diffusion de fausses informations de la part de gouvernements étrangers.

- Ère du "grand doute" -

"Dans les élections précédentes, il y avait toujours la peur de la désinformation et d'ingérence venues de l'étranger", avance John Gerzema, à la tête de l'institut qui a conduit l'enquête d'opinion.

"Mais ici, nous constatons que la plus grande source d'inquiétude est la diffusion de fausses informations de la part de politiciens", continue-t-il.

Un déluge d'images réalistes réalisées à l'aide de l'intelligence artificielle sur les réseaux sociaux a déclenché ce que les chercheurs appellent l'ère "du grand doute", une nouvelle époque où la confiance en ligne a diminué.

Les peurs croissantes autour du pouvoir des outils de l'IA générative a également incité les hommes et femmes politiques à créer du doute autour d'informations vérifiées.

Par exemple, lorsque le républicain Donald Trump a accusé sans preuve sa rivale démocrate Kamala Harris d'utiliser l'intelligence artificielle pour retoucher une photo d'un meeting afin que la foule paraisse plus grande.

Une affirmation largement contredite par les photos et vidéos des journalistes de l'AFP sur place ainsi que par les experts interrogés par les journalistes de l'AFP.

"Les gens commencent à accepter l'omniprésence de l'IA générative", explique Joshua Tucker. "Les politiciens le savent et ont donc l'option d'essayer de désavouer des choses réelles et de les désigner comme une production de l'IA".

- "Déformer la vérité" -

Ces derniers mois, plusieurs fausses affirmations liées à l'élection présidentielle américaine ont été vérifiées par les fact-checkeurs de l'AFP.

Par exemple, des déclarations de Donald Trump et son colistier J.D. Vance affirmant que, dans l'Ohio (nord), des migrants haïtiens mangeaient des chats ou des chiens. Ou encore, celles de Kamala Harris affirmant que l'ancien président républicain avait laissé aux démocrates "le pire taux d'emploi depuis la Grande Dépression".

Dans l'enquête d'Axios, huit électeurs sur 10 ont exprimé leur inquiétude sur l'impact de la désinformation sur le résultat de la présidentielle et plus de la moitié a déclaré se désintéresser de la politique car ils "ne savent pas dire ce qui est vrai".

Les électeurs républicains sont presque aussi préoccupés par ce sujet que les démocrates et les indépendants.

Mais les hommes et femmes politiques font rarement face à des répercussions légales, notamment grâce à la liberté d'expression protégée par la constitution américaine et de multiples décisions de justice, d'après des experts.

Sur les réseaux sociaux, la modération est devenue un outil de lutte contre la désinformation. Mais elle est aussi la cible de critiques des conservateurs, qui la qualifient de censure.

"A chaque cycle électoral, nous avons la même préoccupation: les candidats disent-ils la vérité?", explique à l'AFP Roy Gutterman, un professeur à l'université de Syracuse.

"Hormis le fait de ne pas être élu (...)", ajoute-t-il, "il n'y a pas réellement de conséquences pour les candidats qui déforment la vérité, que ce soit en mentant sur leurs propres accomplissements ou en critiquant de manière infondée leurs opposants".

T.Abato--IM