Chanel revient au Grand Palais pour un dernier "envol" sans directeur
La maison Chanel est revenue mardi au Grand Palais à Paris, après quatre années de fermeture, pour un défilé de prêt-à-porter estival conçu par les équipes, la maison s'apprêtant à annoncer sa future direction artistique, a appris l'AFP de son dirigeant Bruno Pavlovsky.
Le moment, scruté de près dans une période trouble, a été pensé comme un "envol", explique un communiqué de la maison.
Clou de ce spectacle, pas nécessairement stylistiquement révolutionnaire, l'actrice Riley Keough, la petite-fille d'Elvis Presley, vient chanter au milieu de la cage.
Comme dans une volière, près de 2.200 invités se sont ébroués, au milieu des célébrités: Vanessa Paradis, la star coréenne Jennie, Angèle ou Sébastien Tellier.
Cette cage bruissait d'ailleurs des rumeurs les plus folles sur l'affaire de l'année dans le monde de la mode: la désignation d'une ou d'un futur directeur artistique pour Chanel, qui a brutalement perdu Virginie Viard en juin.
Interrogé par l'AFP avant le défilé, le directeur des activités mode de Chanel, Bruno Pavlovsky maintient qu'une annonce est possible d'ici la fin de l'année.
"Il ne faut pas être le couteau sous la gorge ou être contraint. Et je pense que la force de la marque c'est être capable de prendre son temps", dit-il.
"Un ou une directrice artistique est fondamental. C'est ce qui permet en permanence de progresser d'avoir ces petites choses en plus qui vont faire qu'on est dans encore plus dans l'air du temps", ajoute-t-il.
Après 40 ans "d'ère Lagerfeld", avec Karl puis son bras droit Virginie Viard, la question est posée au patron de Chanel de l'avènement d'une nouvelle époque, alors que la marque se vend mais souffre aussi d'une image stagnante.
"Là ce sera forcément quelqu'un de différent qui n'aura pas vécu cette période là, même si probablement cette personne la connaît très bien parce que beaucoup de gens dans la mode ont observé ou grandi avec cette période Karl".
Les rumeurs bruissent sur son remplacement: Tom Ford, John Galliano, Jacquemus, Carine Roitfeld ou Hedi Slimane sont parmi les plus cités.
- "On rêve" -
En attendant, ce sont les studios Chanel qui assurent l'intérim. Après une première collection haute couture acclamée cet été à l'Opéra Garnier, le prêt-à-porter a reçu un accueil plus tiède.
La collection printemps-été 2024/2025, les plumes sont omniprésentes, des lunettes aux vestes et aux robes, en hommage au savoir-faire des plumassières, chères à la maison de la rue Cambon.
Une immense cage est ainsi installée au centre de la nef, clin d’œil à la cage offerte à Gabrielle Chanel et qui a donné la célèbre publicité de 1992 avec Vanessa Paradis pour le parfum "Coco".
"On respire, on rêve", ont souhaité les cadres du studio Chanel pour cette collection, "qui est une ode à la délicatesse, à la légèreté, au mouvement", selon un communiqué.
Les capes en mousseline, jupes fendues, robes chemises transparentes rebrodées, pantalons larges et fluides, comme la maille pastel, viennent contraster avec le plus pesant tweed Chanel, malgré ses tons estivaux adoucis dans les roses, crème et bleu layette.
Les habituels de la maison sont bien là, littéraux et sans fantaisie notoire: de la petite robe noire au tailleur tweed et jersey, en passant par le sac matelassé et le soulier bicolore.
Les travaux de l'édifice ouvert en 1900, qui vient d'accueillir des épreuves des Jeux Olympiques, ont été financés par Chanel, au titre de son "grand mécénat" à hauteur de 30 millions d'euros.
"Nous sommes contents d'y retourner parce que les travaux qui ont été faits sont assez exceptionnels", a commenté à l'AFP Bruno Pavlovsky, directeur des activités Mode chez Chanel.
N.Baggi--IM