"Zone interdite" sur l'islam radical: huit personnes condamnées pour le cyberharcèlement d'un témoin
Huit personnes ont été reconnues coupables mardi à Paris d'avoir harcelé ou menacé sur internet un homme qui avait dénoncé, dans un reportage diffusé sur M6 en janvier 2022, la compromission avec l'islam radical d'une association de Roubaix et de certains élus locaux.
Sept des prévenus - six hommes et une femme, âgés de 24 à 38 ans - ont été condamnés par le tribunal correctionnel à des peines de prison allant de quatre mois avec sursis à dix mois ferme, ainsi qu'à un stage de citoyenneté. Le huitième, un jeune homme de 22 ans, qui avait présenté ses excuses, a été dispensé de peine.
Les prévenus sont domiciliés dans le Nord, mais également en région parisienne, dans les Vosges ou en Saône-et-Loire. L'un d'eux, déjà incarcéré au moments des faits, a envoyé son message sur internet depuis sa cellule.
Dans le reportage de "Zone interdite", qui avait déclenché une vive polémique, Amine Elbahi, juriste et militant associatif à Roubaix, avait mis en cause l'association roubaisienne "Ambitions et initiatives pour la réussite". Il lui reprochait de prêcher l'islam au lieu de dispenser des cours de soutien scolaire.
Une prise de position qui avait valu au jeune homme, aujourd'hui âgé de 28 ans, des centaines de messages "particulièrement odieux et désobligeants", selon son avocat, Me Jean Tamalet. "Fils de p... de vendu! Tu salis notre religion", "Arabe de service", "tu es de la pire espèce humaine, tu craches sur ta propre communauté", avaient notamment écrit les harceleurs.
A cause de ce harcèlement, "j'ai dû être placé sous protection policière, il y a eu un vrai retentissement sur mon quotidien", a déclaré à l'AFP M. Elbahi, qui s'est dit "soulagé" par la décision du tribunal. "Ca va me permettre de me reconstruire et de continuer le combat contre la montée de revendications communautaires, sans faire l'amalgame entre islam et islamisme", a-t-il ajouté.
Le jeune homme dit avoir reçu par ailleurs des menaces de mort directement sur son téléphone - son numéro avait été diffusé sur les réseaux sociaux -, pour lesquelles il s'apprête à déposer plainte avec constitution de partie civile, afin d'obtenir la désignation d'un juge d'instruction à Lille, a indiqué Me Tamalet.
Après la diffusion du reportage, une autre enquête avait par ailleurs été ouverte concernant des menaces de mort contre la journaliste de M6 et productrice de l'émission, Ophélie Meunier.
F.Lecce--IM