"Oppenheimer" entame sa moisson aux Oscars, "Anatomie d'une chute" primé
Grandissime favori des Oscars, "Oppenheimer" a entamé sa moisson dimanche soir en recevant ses premières statuettes au milieu d'une soirée réussie pour le film français "Anatomie d'une chute", primé pour son scénario.
"Cela m'aidera à traverser ma crise de la quarantaine", a plaisanté la réalisatrice française Justine Triet, très émue dans son costume rayé.
"C'est une année folle", a-t-elle soufflé. Après la Palme d'Or à Cannes, "Anatomie d'une chute" a notamment été récompensé par deux Golden Globes et un Bafta - l'équivalent des Césars britanniques.
Ce thriller judiciaire sur la dégringolade d'un couple dysfonctionnel d'artistes, où une écrivaine ambiguë incarnée par Sandra Hüller se retrouve accusée du meurtre de son mari, aura toutefois fort à faire pour voler la vedette à "Oppenheimer".
Ultra-favori pour l'Oscar du meilleur film, le portrait du père de la bombe atomique brossé par Christopher Nolan a débloqué son compteur, avec l'Oscar du meilleur second rôle masculin pour Robert Downey Jr.
Il a aussi remporté les statuettes du meilleur montage et de la meilleure photographie, et est favori dans d'autres catégories techniques à venir.
Christopher Nolan est largement pressenti pour l'Oscar du meilleur réalisateur, face notamment à Justine Triet.
Et Cillian Murphy, qui prête ses traits au scientifique Robert Oppenheimer, est un sérieux candidat pour l'Oscar du meilleur acteur.
Mais Paul Giamatti fait de la résistance, avec son personnage de professeur d'histoire acariâtre dans "Winter Break".
- "Barbie" assure le spectacle -
Cette comédie d'Alexander Payne vient d'être accusée de plagiat à la veille de la cérémonie. De quoi ternir légèrement le sacre de son actrice Da'Vine Joy Randolph, élue meilleur second rôle féminin.
Le présentateur Jimmy Kimmel a lancé la soirée avec un sketch et des blagues sur "Barbie", dont la réalisatrice Greta Gerwig et la star Margot Robbie, ont été snobées.
"Vous avez déjà gagné toutes les deux quelque chose de beaucoup plus important: la loterie génétique", a plaisanté l'humoriste, tout en rappelant à Ryan Gosling (Ken dans le film), à quel point il était "torride".
Nommée dans huit catégories, la satire féministe devrait se contenter de récompenses secondaires. Mais après avoir dominé le box-office mondial l'an dernier, avec plus de 1,4 milliard de dollars de recettes, elle assure le show.
La star de la pop Billie Eilish a chanté "What Was I Made For?", le titre phare du film, sous des applaudissements nourris.
Et Ryan Gosling, qui a marqué les esprits en Ken séduit par les sirènes du patriarcat, est encore à venir. Il interprètera sur scène sa chanson "I'm Just Ken", ballade sur la fragilité de l'ego masculin.
Le début de soirée a aussi été marqué par le sacre du maître japonais Hayao Miyazaki, récompensé par l'Oscar du meilleur film d'animation pour "Le Garçon et le Héron", récit fantastique sur le mystère des origines.
- Duel Stone / Gladstone -
Du côté des comédiennes, le suspense est à son comble, avec un duel serré entre Emma Stone et Lily Gladstone pour l'Oscar de la meilleure actrice.
Déjà récompensée pour "La La Land", la première est en quête d'une seconde statuette grâce à son personnage de Frankenstein au féminin dans le conte baroque "Pauvres Créatures" - honoré par trois Oscars techniques dès le début de la soirée.
La seconde, star de "Killers of the Flower Moon" pourrait devenir la première actrice amérindienne à remporter ce prix grâce au thriller historique de Martin Scorsese sur le massacre silencieux d'Amérindiens Osages dans les années 1920.
Sandra Hüller, qui joue l'écrivaine d'"Anatomie d'une chute" peut aussi encore créer la surprise.
L'actice allemande a d'ores-et-déjà de quoi se réjouir avec l'Oscar du meilleur film international atrtribué à "La Zone d'Intérêt", autre film dont elle est à l'affiche.
En l'absence d'"Anatomie d'une chute" - non retenu par les autorités françaises pour cette catégorie -, ce film britannique sur la vie insouciante d'une famille de nazis juste à côté d'Auschwitz était favori.
Son réalisateur Jonathan Glazer en a profité pour lancer un message de paix au Proche-Orient, actuellement miné par la guerre d'Israël à Gaza.
"Notre film montre comment la déshumanisation mène au pire", a rappelé le cinéaste juif, en estimant que les Israéliens morts le 7 octobre dans l'attaque du Hamas et les 31.000 morts palestiniens sont "tous victimes de cette déshumanisation".
Plusieurs stars, dont Billie Eilish, Ramy Youssef et l'acteur français Swann Arlaud, ont arboré un pin's appelant au cessez-le-feu, tandis que plusieurs petites manifestations de militants se déroulaient dans les rues de Los Angeles.
Les atrocités de la guerre en Ukraine ont également été évoquées, avec l'Oscar du meilleur documentaire attribué à "20 jours à Marioupol", qui offre un aperçu glaçant du siège de la ville.
I.Pesaro--IM