Au Bangladesh, le cyclone Remal a mis en danger l'habitat des tigres du Bengale
Les experts forestiers du Bangladesh ont manifesté mardi leur préoccupation quant à l'état de l'habitat naturel des tigres du Bengale, submergé en profondeur par de l'eau de mer après le passage d'un cyclone.
Le puissant cyclone Remal, qui a ravagé lundi le Bangladesh, a été l'un des plus longs que le pays ait jamais connu, selon un météorologiste bangladais qui accuse le changement climatique d'être à l'origine de cette durée exceptionnelle.
Les vents violents, les fortes vagues et les importantes précipitations qui se sont abattus à partir de dimanche soir sur les côtes du Bangladesh et de l'Inde, ont fait au moins 38 morts mardi, dont 21 en Inde.
Plus d'un million de personnes se sont réfugiées à l'intérieur des terres dans des abris en dur, avant l'arrivée du cyclone.
Mais c'est l'immense forêt de mangroves des Sundarbans, à cheval sur le Bangladesh et l'Inde, où les fleuves Gange, Brahmapoutre et Meghna se jettent dans la mer, qui a été la plus touchée.
La forêt, qui abrite l'une des plus grandes populations de tigres du Bengale, a été submergée, a précisé Mihir Kumar Doe, directeur du département des forêts du sud du Bangladesh.
"L'ensemble des Sundarbans s'est retrouvé sous l'eau pendant plus de 36 heures lors du cyclone, a précisé M. Doe à l'AFP. "Tous ses étangs d'eau douce, au nombre de plus de 100, ont été emportés par l'eau salée de la marée".
Selon des chiffres officiels, au moins 114 tigres du Bengale vivent dans la partie des Sundarbans située au Bangladesh.
Abu Naser Mohsin Hossain, haut responsable des forêts du Bangladesh pour les Sundarbans, s'inquiète pour la faune et la flore si les lacs d'eau douce s'avèrent contaminés.
"Ces étangs étaient la source d'eau douce pour toute la faune des mangroves, y compris les tigres du Bengale, une espèce en voie de disparition", note-t-il.
M. Doe a précisé que ses équipes avaient retrouvé des dizaines de cerfs tachetés morts, ainsi que des sangliers, principale proie des tigres.
"Nous sommes très inquiets pour les animaux sauvages, y compris les tigres", dit-il, sans être en mesure de dire "si des tigres ou des animaux sauvages ont été emportés par les eaux".
Monirul Khan, spécialiste des tigres et professeur de zoologie à l'université de Jahangirnagar, craint surtout pour les cerfs.
"Les cerfs tachetés sont impuissants face aux fortes marées des cyclones ou aux inondations prolongées de la forêt. Mais les tigres du Bengale, eux, peuvent grimper aux arbres", indique-t-il.
T.Zangari--IM