Le panda star Yuan Meng quitte Beauval sous les applaudissements
Derniers bambous français pour Yuan Meng: le premier panda né en France en 2017 a quitté le ZooParc de Beauval (Loir-et-Cher) pour rejoindre la Chine, mardi sous la bruine et les vivats des admirateurs de l'ours bicolore.
Dans son camion blanc escorté par des motards et des véhicules de la gendarmerie, le jeune ursidé a pris la direction de l'aéroport de Roissy, où l'attend un avion direction Chengdu (Chine) et le Centre de recherche et de reproduction du panda géant.
Entraîné depuis plusieurs jours à s'installer confortablement pour le voyage, le fils de Yuan Zi et Huan Huan, premiers pandas prêtés à la France par les autorités chinoises en 2012, n'a pas traîné pour rentrer dans sa cage spéciale remplie de bambous.
Le jeune panda, qui fêtera ses 6 ans en août, a ensuite été chargé dans un camion climatisé direction Roissy, où l'attendront notamment l'ambassadeur de Chine, la nouvelle secrétaire d'Etat à la Biodiversité Sarah El Haïry, et peut-être, selon le zoo, sa marraine Brigitte Macron, pour un dernier adieu.
Yuan Meng aurait initialement dû rejoindre la Chine à l'âge de trois ou quatre ans mais son séjour avait été prolongé en raison de la pandémie de Covid-19. Le jeune mâle libèrera ainsi de la place pour ses jeunes soeurs, les jumelles Huanlili et Yuandudu, nées le 2 août 2021.
"Tout s'est bien passé. Il a dit au revoir à ses parents et ses soeurs, avec un pincement au coeur des vétérinaires et des soigneurs", explique Rodolphe Delord, le PDG du zoo de Saint-Aignan (Loir-et-Cher).
"Il lui reste à continuer à vivre sa belle vie. C'est forcément un moment d'émotion, mais tous nos animaux nés ici sont amenés à partir un jour. On est habitué à ça", ajoute le dirigeant de Beauval.
Bravant les averses, 300 à 400 admirateurs s'étaient donné rendez-vous à l'entrée du zoo, pour saluer la star, dont le convoi s'est élancé à 9h30.
Sous son ciré, Caroline Bernard, venue de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) avec ses deux filles, s'est levée "très tôt".
"On a agité nos drapeaux. C'est quand même triste, on s'est attaché aux pandas. Mais on sait qu'il sera mieux là-bas, pour le bien de l'espèce aussi", se résout-elle.
Pour sa fille Lilou, âgée de 9 ans, c'est plus difficile: "J'ai pleuré, je suis triste qu'il parte. Je le suis sur internet depuis sa naissance et c'est la quatrième fois qu'on vient le voir."
-"Bon voyage"-
Plus loin, un coupe de sexagénaires a fait le déplacement depuis Pouillé (Loir-et-Cher), à seulement une douzaine de kilomètres du zoo. Pascal et Elisabeth Violette, propriétaires de chambres d'hôtes, ont aussi agité leurs petits drapeaux.
"Ici, c'est un mythe le panda (...) Sans le panda, le zoo n'aurait pas ce succès. Nos clients viennent pour le zoo et les pandas, pas pour les châteaux de la Loire", observent-ils.
Un peu à l'écart de la foule, quelques employés de Beauval discutent après le passage du convoi, alors que les visiteurs se pressent à l'entrée du zoo.
"On est venu entre collègues alors qu'on ne travaillait pas", raconte Thibaut Totis. "Les jours précédents, on était venu lui dire au revoir et lui souhaiter bon voyage."
En attendant d'intégrer le Centre de reproduction de Chengdu où il sera chargé de perpétuer son espèce, désormais classée au statut "vulnérable" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Yuan Meng roule vers son avion de la China Airlines. Celui dont le nom signifie "accomplissement d'un rêve" en chinois, s'y installera vers 16h00 pour douze heures de vol en compagnie de sa soigneuse attitrée depuis sa naissance.
En dehors de la Chine, une vingtaine de parcs zoologiques seulement possèdent ces plantigrades herbivores, symboles des amitiés diplomatiques de Pékin.
V.Barbieri--IM