L'Espagne en deuil après le naufrage d'un de ses bateaux de pêche au large du Canada
L'Espagne était en deuil mercredi au lendemain du naufrage de l'un de ses chalutiers qui a fait 10 morts et 11 disparus au large du Canada, la plus grande tragédie depuis près de 40 ans pour le secteur de la pêche espagnole.
"Une fois de plus, les gens de la mer sont frappés de plein fouet" par une tragédie, a souligné Alberto Núñez Feijóo, président de la région de Galice (Nord-Ouest), d'où provenait le "Villa de Pitanxo", qui a disparu mardi matin à 450 kilomètres des côtes de Terre-Neuve.
"La Galice est une grande famille et lorsqu'une famille est frappée par un événement tragique, elle se rassemble dans la douleur pour chercher du réconfort", a-t-il ajouté, en annonçant "trois jours de deuil" dans la région en hommage "à ceux qui ont perdu la vie" dans le naufrage.
A Madrid, les députés espagnols ont observé une minute de silence dans l'hémicycle. "L'Espagne se réveille sous le choc ce matin", a insisté la présidente du Parlement, la socialiste Meritxell Batet.
Au total, 24 membres d'équipage se trouvaient à bord de ce chalutier de 50 mètres de long ayant pour attache le petit port de Marín, en Galice, lorsqu'il a sombré mardi vers 04H30 GMT (00H30 localement).
- Pire tragédie depuis 1984 -
Parmi eux, trois ont été sauvés, dix ont été retrouvés morts et onze autres sont toujours recherchés, selon les secours canadiens. Les trois survivants, dont la nationalité n'a pas été précisée, ont été évacués par hélicoptère en état d'hypothermie.
Cet accident est "la plus grande tragédie depuis 38 ans" pour le secteur de la pêche espagnol, a souligné le ministre espagnol de la Pêche, Luis Planas, en référence au naufrage du chalutier "Islamar III", qui avait fait 26 morts au large de l'archipel espagnol des Canaries en juillet 1984.
Selon M. Planas, huit navires sont actuellement mobilisés dans la zone du naufrage pour tenter de retrouver les disparus. Parmi eux figurent "des bateaux de pêche espagnols et portugais" et des navires appartenant aux "autorités canadiennes", a-t-il précisé.
L'espoir de retrouver vivants les 11 disparus dans les eaux glacées de l'Atlantique était malgré tout extrêmement faible mercredi.
"La météo en ce moment complique nos recherches", a indiqué à l'AFP Brian Owens, porte-parole canadien du centre de coordination et de sauvetage, qui a mobilisé sur la zone un avion et deux hélicoptères. Ce dernier a précisé que les recherches se poursuivraient "quel que soit le temps".
D'après les secours en mer espagnol, les secouristes sont confrontés à "des vagues de six à sept mètres", qui "rendent difficiles les opérations". "La visibilité est réduite à environ un quart de mile nautique", a indiqué de son côté Brian Owens.
- "On veut juste savoir" -
En Galice, les familles des marins présents sur le "Villa de Pitanxo" attendaient avec angoisse des informations sur l'identité des victimes.
"On veut juste savoir s'il est vivant ou mort. Donnez-nous les noms", a imploré Carlos Ordóñez, en assurant auprès du quotidien galicien La Voz de Galicia être toujours dans l'attente de nouvelles de son neveu William Arévalo.
"On sait ce qui se passe quand on tombe dans des eaux comme celles de Terre-Neuve. La survie n'est qu'une question de minutes", a-t-il déploré.
D'après les autorités espagnoles, l'équipage était composé de 16 Espagnols, cinq Péruviens et trois Ghanéens. Parmi les marins espagnols, beaucoup venaient de Galice, première région en Europe et deuxième au monde pour la production de conserves de poisson et de crustacés.
Selon les autorités locales, 44.000 personnes dépendent du secteur de la pêche dans cette région, qui concentre 20% de la production piscicole européenne, et où transite 10% du poisson frais acheminé dans l'UE.
L.Bernardi--IM